Les serviteurs de Dieu face à la pornographie

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Est-il possible que des pasteurs, missionnaires ou autres serviteurs de Dieu, hommes ou femmes, puissent être les victimes de la pornographie ? Sont ils «immunisés» par leur ministère, ou comme tout croyant, exposés aux mêmes tentations et difficultés avec la chair ?

Quelques statistiques pour apporter un début de réponse à ces questions:

En 2001, 51% des pasteurs en Amérique du Nord reconnaissaient que la pornographie sur Internet était une possible tentation, 37% admettaient en visionner. En 2006, 50% d’un groupe de pasteurs interrogés avouaient avoir visité un tel site au moins une fois durant l’année écoulée.(Tech Mission, Safe families)

«Focus sur la famille USA», reconnait que 20% des appels qu’ils reçoivent sur leurs lignes d’aide réservées aux pasteurs et serviteurs de Dieu, concernent des problèmes liés à la pornographie.

Dans son livre «Men’s secret wars», Patrick Means révèle qu’une étude portant sur des pasteurs évangéliques et des responsables d’églises à montré que 64% d’entre-eux luttaient avec des problèmes liés à la pornographie et autres activités sexuelles cachées...

Ces chiffres ne représentent-ils qu’une réalité nord-Américaine ?

Il faut rappeler pour mémoire que si en Amérique du Nord il est le plus souvent nécessaire de payer pour pouvoir avoir accès à ces programmes TV, il est par contre en France, possible d’en regarder le soir, en clair et gratuitement. Si l’on ajoute à cela la facilité d’accès à Internet, des voyages fréquents et les nuits seuls dans des chambres d’hôtels, ou encore l’éloignement et la solitude sur un champ de mission, on comprend aisément que les occasions d’être tentés pour des pasteurs et des missionnaires sont tout aussi nombreuses dans l’hexagone ou sur les champs de mission qu’ailleurs, pour ne pas dire plus.

Comment cela est-il possible ? Ceux et celles appelé(e)s au service de Dieu ne devraient ils pas être prémunis contre un tel fléau ?

De tels chiffres ne manquent pas en effet de surprendre, surtout quand on connait la difficulté pour des serviteurs de reconnaître, même dans un questionnaire anonyme, la dépendance à un tel fléau.

Pour quelles raisons un serviteur de Dieu pourrait il connaître des problèmes avec la pornographie ?

Tout d’abord, pour les mêmes raisons que celles qui peuvent amener n’importe quel croyant à y tomber, mais aussi pour d’autres facteurs propres à leur statut.

En voici quelque uns :

La pornographie est vécue comme un moyen d’échapper à la réalitéDe par la nature même de sa fonction telle qu’elle est généralement vécue dans le monde francophone, le serviteur de Dieu est le plus souvent un homme seul, duquel sont exigées tant par ses collègues que par les croyants, une haute tenue morale (légitime au regard de l’Ecriture), et une responsabilité spirituelle totale pour la vie du groupe ou du travail dont il a la charge.

De ces exigences, il découle souvent un stress lié à une boulimie de travail. Quelques années d’un tel traitement, des attentes irréelles personnelles ou de la part des croyants, des conflits répétés voire permanents dans le cadre du service, des échecs... ont tôt fait d’apporter une situation d’épuisement physique et psychologique souvent non reconnue par celui (ou celle) qui en souffre, car encore trop souvent frappée d’ostracisme, pour manque de «caractère spirituel». Dans une telle situation, la pornographie est vécue comme un moyen d’échapper à la réalité, de retrouver un sentiment de contrôle sur les évènements et les personnes au travers de situations imaginaires.

Une autre cause possible est l’extrême solitude dans laquelle vivent certains serviteurs. Des emplois du temps trop flexibles, et pas assez structurés. Trop de temps passé seul « à méditer » de longues heures ou à naviguer sur Internet pour préparer des messages tard le soir... peuvent accroitre l’ennui et multiplier les risques de tomber dans le piège.

L’isolement dû à son statut qui artificiellement, l’élève au dessus, ou le sépare de ceux qu’il (ou elle) sert, le manque d’amis avec qui parler, et la difficulté extrême à pouvoir confesser une faiblesse à un collègue sans risquer de perdre son ministère, sont autant de facteurs aggravants. Tout comme l’absence d’obligation d’installer un logiciel de contrôle des sites visités sur Internet, et de devoir rendre des comptes régulièrement à un ami collègue ou a un mentor, une fois reconnu dans un ministère.

L’impression «d’invulnérabilité» que certains ressentent dans leur service, particulièrement lors du «vide spirituel» vécu parfois après un message, ou un temps fort dans le ministère. Le sentiment d’impunité: les règles qui s’appliquent aux croyants n’existent plus pour eux. (1Co. 10:12) Une relation intime avec Dieu perdue et au cours des années, remplacée par un activisme vide de sens...

Des problèmes de colère ou de personnalité jamais réglés. Des relations de couple ou familiales difficiles, le besoin de présenter l’image d’une famille parfaite... sont autant d’éléments propices à favoriser une chute.

Oui, les serviteurs de Dieu comme tout croyant et même peut-être plus, sont susceptibles d’être victimes de la pornographie ! Alors que faire ? Briser ce tabou, cesser d’agir comme si il n’existait pas et leur offrir en toute confidentialité la possibilité d’être aidés, écoutés et restaurés dans leur ministère.


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