
C’est un cri d’alerte sur les "graves dérives" de la proposition de loi relative au "droit à l’aide à mourir". Les responsables des cultes en France ont signé une tribune conjointe pour dénoncer "les dangers d’une rupture anthropologique".
"Légaliser la mort administrée ne sera pas un progrès, mais une régression éthique, sociale et médicale."
Les mots des six responsables des cultes en France ne sont pas tendres à propos de la proposition de loi dite "fin de vie", débattue ces derniers jours à l’Assemblée nationale.
La Conférence des responsables de culte en France (CRCF) – catholique, protestant, orthodoxe, juif, musulman et bouddhiste – "alerte solennellement sur les graves dérives" d’une telle loi.
Ils commencent par dénoncer le risque pour les personnes fragiles de se sentir obligé de disparaître.
"La seule existence d’une telle option peut induire chez des patients une culpabilité toxique – celle d’'être un fardeau'."
De plus, les responsables religieux critiquent la rapidité de la procédure "d’aide à mourir", qu’un médecin peut assumer seul, et avec des délais de réflexion très courts pour les patients (15 jours d’instruction et 48h de réflexion). Selon eux, "cette précipitation est indigne d’une décision irréversible et de la gravité de l’enjeu".
La tribune fustige également "une rupture avec l’essence du soin".
"L’intégration de l’aide à mourir dans le Code de la santé publique constitue un dévoiement de la médecine », et s’oppose, assurent-ils, au serment d’Hippocrate « qui vise à soulager, sans jamais tuer."
C’est enfin contre les termes du débat que les responsables des cultes en France s’érigent.
"La terminologie choisie – 'aide à mourir' – masque la nature véritable de l’acte : l’administration volontaire d’un produit létal."
Le sujet d’une ouverture de l’euthanasie n’est pas nouveau en France. En 2024, un projet de loi avait été stoppé par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin. Depuis, le processus a été relancé mais le texte scindé en deux, une partie sur les soins palliatifs et l’autre sur "l’aide à mourir".
Au terme de l’examen en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, qui a duré du 25 avril au 2 mai 2025, 68 amendements ont été adoptés qui ont fait basculer l’équilibre d’un texte déjà condamnable, selon les responsables des cultes.
Les députés ont jusqu’au 27 mai pour débattre de ces propositions de loi, où un vote solennel sera organisé. En cas de vote favorable, le texte sera transmis ensuite au Sénat, pour un nouvel examen.
Germain Gratien