Les réfugiés chrétiens rentreront-ils en Irak ou en Syrie ?

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Mgr Pizzaballa n’est pas convaincu du retour au pays des chrétiens irakiens et syriens, car comment croire encore en un avenir dans ces zones et ces sociétés anéanties par des années de guerre fratricide ?

Dans une interview accordée au site Vatican Insider, l’administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem exprime ses doutes quant à leur retour dans un pays où tout est à reconstruire, les bâtiments et infrastructures, mais aussi les relations entre communautés.

La question du retour des réfugiés chez eux se pose depuis toujours. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, car ils sont dans une situation anormale, qu’ils n’ont pas choisie de gaieté de coeur, mais poussés par des circonstances dramatiques.

Il y a quelques années en arrière, on affirmait que le Liban s’était vidé de ses forces vives, de son intelligentsia, et qu’il aurait bien du mal à se relever. Il est aujourd’hui en voie de reconstruction. Tous les libanais sont-ils rentrés chez eux : non, car certains, bien intégrés dans leur pays d’accueil, y sont restés.

Bien avant cela, la bible, dans les livres d’Esdras et Néhémie, nous rapporte que les juifs déportés à Babylone n’étaient pas non plus tous revenus en Israël. Aujourd’hui la question se pose pour plusieurs pays. Des articles récents soulignent la difficulté actuelle de l’Afghanistan face à l’afflux de ses réfugiés. La ville de Kaboul est en effet passée de 700 000 en 2001 à plus de 6 millions d’habitants aujourd’hui. Beaucoup n’ont ni emploi ni maison, et vivent avec leur famille dans des bidonvilles qui ne cessent de s’étendre.

Concernant la plaine de Ninive, Mgr Pizzaballa doute que ceux qui ont vécu de terribles atrocités aient vraiment envie de revenir dans leur villes et villages, pour certains complètement dévastés. Il rappelle que si les chrétiens ne sont pas les premiers visés dans ces conflits entre musulmans, en revanche ils paient toujours un lourd tribut en hommes et en matériel. Il souligne :

« Les soldats ne peuvent pas faire la paix, mais seulement gagner la guerre. »

Et pour la Syrie, il est tranchant :

« La situation est tragique, c’est un pays qui n’existe plus. »

Le franciscain connaît bien les situations de conflit au Moyen-Orient, car il y a déjà passé plus de 26 ans, dont 12 ans en tant que custode de Jérusalem. Il a toujours cherché à créer des ponts entre les différentes communautés et à établir le dialogue et le respect.

Elisabeth Dugas

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