Les protestants, minoritaires mais dynamiques grâce aux évangéliques

Les protestants, minoritaires mais dynamiques grâce aux évangéliques

Minoritaires mais dynamiques dans une société en cours de sécularisation, les protestants représentent 2% de la population française, selon une vaste étude Ifop publiée vendredi qui confirme la poussée des évangéliques au sein de la troisième religion en France.

"A la différence du catholicisme qui connaît une baisse drastique de ses effectifs, le protestantisme ne décroît pas, il se maintient et même augmente quelque peu en volume numérique", avec 1,3 million de protestants en France, explique le sociologue des religions Jean-Paul Willaime.

C'est le premier enseignement de cette étude dévoilée à l'occasion de l'assemblée générale de la Fédération protestante de France (FPF) ce weekend à Sète (Hérault), répliquant un précédent sondage fait en mai 2010 par l'Ifop.

"Il y a un pouvoir d'attraction du protestantisme dans le monde contemporain", affirme à l'AFP le président de la FPF Christian Krieger, qui se félicite du "pouvoir de rayonnement dans une société très critique vis-à-vis du religieux".

Ainsi, un quart des protestants actuels ne l'étaient pas à la naissance. Et le protestantisme sait attirer les déçus du catholicisme, plombé par les révélations de violences sexuelles depuis plusieurs années: 72% des néo-protestants étaient précédemment catholiques, et 22% sans religion.

Le profil des protestants apparaît par ailleurs assez proche du reste de la population, même s'ils sont un peu plus urbains (20% habitent en agglomération parisienne contre 16% des Français) et plus diplômés de l'enseignement supérieur (45% contre 30%).

"Une nouvelle église évangélique tous les dix jours"

L'étude confirme aussi la poussée des évangéliques. Le président du Conseil national des évangéliques de France (Cnef), Erwan Cloarec, explique: "il y a en France une nouvelle église évangélique qui ouvre tous les dix jours. Toutes ne survivront pas, mais cela témoigne du dynamisme" de l'implantation. Comment expliquer cet engouement?

"Le culte est assez contemporain avec une pratique participative et chaleureuse, des églises plutôt multiculturelles", mêlant "les catégories socioprofessionnelles, les générations, les provenances", ajoute Erwan Cloarec: "Chacun y trouve sa place et on a envie de participer à cette nouvelle humanité".

L'approbation à la sensibilité évangélique monte à 51% chez les protestants de moins de 35 ans, souligne Jean-Paul Willaime. "L'appellation évangélique devient un marqueur identitaire pour signifier un protestantisme engagé, conséquent, qui partage un certain nombre de traits avec la culture jeune. C'est un choix personnel" avec une pratique "moins doctrinale", ajoute-t-il.

Cet engagement s'accompagne d'ailleurs d'une pratique élevée, puisque 49% des évangéliques fréquentent le culte au moins une fois par mois (et 33% pour l'ensemble des protestants).

"Il y a chez les évangéliques une adéquation à une forme de besoin religieux du moment, qui est de trouver des formes d'expressions collectives, dynamiques", explique le sociologue Claude Dargent, professeur de sociologie à l'université Paris VIII. Et "les Églises luthéro-réformées réfléchissent sur ce phénomène".

La poussée des évangéliques interroge aussi l'organisation interne.

Les églises évangéliques peuvent s'affilier au Cnef ou à la FPF, voire aux deux, alors que la Fédération reste l'interlocuteur privilégié des pouvoirs publics pour représenter le protestantisme.

"Très différents des évangéliques américains"

Christian Krieger plaide pour "une instance qui offre un espace de rencontre de ces différentes sensibilités, quand bien même certains se comprennent d'abord luthéro-réformés ou d'abord évangéliques, pour mieux saisir finalement cette singularité protestante qui les unit".

Face aux idées parfois erronées qui entourent ces Églises relativement récentes bien que certaines sont issues des reformes du 16e siècle en Europe, Claude Dargent rappelle aussi que "les évangéliques français sont très différents des évangéliques américains", notamment sur le plan politique, en étant "plutôt proches de la gauche".

Le sondage a été réalisé en ligne du 18 novembre au 11 décembre auprès de 700 personnes protestantes, issues d'un échantillon de 32.612 personnes.

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock / Henry Saint John / Ici l'église évangélique de Perigeux, membre du CNEF

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