
Cinq jeunes ont été condamnés mardi par le tribunal pour enfants de Saverne à verser 85.000 euros aux parties civiles après avoir profané un cimetière juif en 2015. Les profanateurs, qui étaient mineurs au moment des faits, avaient saccagé près de 270 tombes.
Les cinq profanateurs du cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), mineurs lors des faits et déjà condamnés au pénal, devront verser 85.000 euros de préjudice moral à une quarantaine de parties civiles, un jugement qualifié mardi de « signal fort » par la Licra.
Dans le détail, les sommes allouées vont de 1.250 à 3.000 euros, selon le délibéré sur les intérêts civils transmis par le greffe à l’AFP et rendu vendredi par le tribunal pour enfants de Saverne.
Les auteurs de cette profanation, la plus grave visant un cimetière juif depuis une vingtaine d’années, étaient âgés de 15 à 17 ans au moment des faits. Ils avaient été interpellés quelques jours après les faits, en février 2015, après que l’un d’eux se fut rendu de lui-même à la gendarmerie.
Les cinq mineurs avaient saccagé près de 270 tombes. Des tombeaux avaient également été ouverts et les profanateurs avaient uriné sur certaines sépultures.
Le 15 septembre 2017, ils avaient été condamnés au pénal par le tribunal pour enfants à des peines de 8 à 18 mois de prison avec sursis et à 140 heures de travaux d’intérêt général pour profanations et dégradations de sépultures « en raison de l’appartenance des personnes décédées à une religion déterminée ».
La nouvelle condamnation prononcée vendredi, cette fois au civil, « envoie un signal fort aux auteurs d’un acte antisémite sans précédent et qui n’ont pas à ce jour fait preuve de repentance ou montré le moindre remord », s’est félicitée dans un communiqué la Licra du Bas-Rhin, partie civile dans ce dossier.
« La lutte contre le racisme et l’antisémitisme passe par une justice exemplaire et sans faiblesse, une prévention par l’éducation dans les milieux scolaires, le milieu carcéral, dans l’entreprise, parmi les forces de police et surtout sur les réseaux sociaux », poursuit la Licra, qui « restera vigilante et exigeante pour que la justice contribue à réparer et prévenir ce mal profond qui ronge notre société ».
La profanation du cimetière juif de Sarre-Union avait provoqué une très vive émotion. Le président de la République, François Hollande, avait fait le déplacement pour une cérémonie de recueillement organisée en présence de nombreux responsables politiques et religieux.
Fin octobre, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu à Sarre-Union pour une cérémonie marquant la réhabilitation du cimetière, après plusieurs années de restauration.
La rédaction (avec AFP)