Des milliers de chrétiens palestiniens et arabes chrétiens d’autres pays seront autorisés à se rendre à Jérusalem et en Cisjordanie pour les fêtes de la Nativité, ont annoncé les autorités israéliennes. L’Etat hébreu augmente ainsi pour l’occasion le nombre d’autorisations. Israël a également décidé de laisser entrer une centaine de Palestiniens dans la bande Gaza pour y visiter leurs familles, un territoire d’habitude fermé. Le but est d’assurer la liberté de culte.
L‘obtention d’un permis n’est pas automatique, et il arrive que, dans une même famille, tous n’aient pas le précieux sésame pour circuler à Jérusalem. Joice Tanuss ne le sait que trop bien qui a fait sa demande et déclare quant au passé :
« Quelle que soit la période de l’année, on doit obtenir un permis pour aller à Jérusalem pour les fêtes ou pour se rendre à l’église là-bas. Ce n’est vraiment pas facile. On obtient parfois les permis, mais parfois un seul membre de la famille n’en a pas... Donc, on reste à Ramallah... ou l’on va à Bethléem. »
Le nombre limité de permis pour des raisons de sécurité peut ainsi frustrer des familles quand un seul membre ne peut en obtenir un.
Joseph Mouganem a, lui, une idée du cadeau qu’il aimerait : « Passer la nuit de Noël à Jérusalem chez des amis. J’aimerais assister à la messe de minuit à Jérusalem. Et ensuite, je rentre. » Le septuagénaire complète son sentiment, cette fois-ci quant à la possibilité pour des Palestiniens de se rendre à Gaza, contrôlée par le Hamas depuis 2007 :
« Cela leur apportera, j’en suis sûr, un peu de joie dans leur vie. Les chrétiens de Gaza ne sont plus nombreux, mais on ne les oublie pas. C’est aussi ça, le message de Noël : la paix sur Terre. »
Une liberté de circulation à la faveur de la liberté de culte
A cette occasion, ce seront 700 personnes qui pourront sortir de la bande de Gaza pour se rendre dans le reste de la Palestine, dans les autres pays de la région ou à Jérusalem-Est, ou encore une centaine de Cisjordaniens qui pourront visiter leurs proches à Gaza, les consolant ainsi du désespoir de la violence, ainsi que de l’interdiction nouvelle de fêter la saint Sylvestre, depuis l’an dernier, dans les restaurants ou salles de fêtes.
Chaque année, quand approchent les fête de la Nativité, des officiels de Tsahal et des forces de sécurité palestinienne, ainsi que des représentants de la municipalité de Bethléem, des représentants religieux et des organisations internationales se rencontrent pour orchestrer la circulation vers Jérusalem et dans le reste de la région, pour une période d’un mois. L’explication est celle de la liberté de culte, comme l’expliquait en 2013 le lieutenant-colonel Eyal Zeevi, chef du bureau de coordination de la région de Bethléem sur le site de l’armée :
« Pendant la saison des fêtes, Israël fait un effort important pour assurer la liberté de culte [...], pour faciliter la participation aux cérémonies religieuses et veiller à ce que les chrétiens de la région puissent profiter d’un esprit de fête. »
Des conditions d’âge sont requises, il faut avoir moins de 16 ans ou plus de 35 ans, ce qui réduit les risques pour la sécurité.
Nombre de Palestiniens ont fui Gaza après la prise de contrôle par le Hamas, victorieux aux élections en 2007, en raison des représailles israéliennes suite aux tirs de roquettes depuis cette portion de Palestine, mais aussi à cause de l’embargo mis en place par Israël et l’Egypte en 2008 ; également, concernant les chrétiens, à cause de l’insécurité les affectant plus particulièrement. En septembre 2006, un groupe se faisant appeler l’Organisation de l’armée Houda avait menacé d’attaquer tous les chrétiens qui vivaient dans la bande de Gaza si Benoît XVI ne présentait pas d’excuses pour ses propos quant à Mahomet. Le Pape venait de faire un discours à Ratisbonne dans lequel, à titre anecdotique, il avait mentionné la violence dans l’islam, sans que cette religion fût le sujet de son propos. D’autres organisations comme l’Armée de l’islam apparue en 2005 (Jaish al-Islam, à ne pas confondre avec le groupe homonyme combattant en Syrie) inspirent la peur, et ont constitué une occasion de départ pour les chrétiens.
La minorité chrétienne représente aujourd’hui 1,37 % de la population palestinienne, et moins de 6 % de ces 52 000 chrétiens vivent dans la bande de Gaza. Ils étaient autour de 4 500 dans cette aire en 2006, contre environ 3 100 aujourd’hui, un flot qui s’est tari en raison de l’isolement de la bande soumise au Hamas.
Hans-Søren Dag