La prochaine élection présidentielle au Tchad se tiendra le 6 mai prochain. Alors qu’elle devait permettre une transition démocratique, cette élection pourrait se transformer en plébiscite autoritaire pour le candidat déjà au pouvoir Mahamat Deby. Les chrétiens s’engagent dans ces élections en demandant le respect des institutions, alors que la situation sécuritaire se dégrade chaque jour un peu plus.
Début avril, le sud du Tchad a été victime d’attaques violentes menées par des bandes armées. Au moins seize personnes sont mortes, des dizaines d’autres blessés et de lourdes pertes matérielles sont à déplorer selon Vatican News.
Ces attaques ont pour toile de fond la lutte pour la possession des terres entre les nomades éleveurs de bétail et les fermiers sédentaires. Les nomades du Nord sèment la panique dans les territoires qu’ils convoitent. Un problème sécuritaire récurrent en Afrique qui s’ajoute à une situation socio-politique très complexe au Tchad.
Depuis le 20 avril 2021, Mahamat Deby occupe le poste de président de la transition. Une junte de quinze généraux l’a placé à la tête du pays pour qu’il organise des élections afin de rendre le pouvoir aux civils dix-huit mois plus tard. Cette échéance a été repoussée et est désormais prévue le 6 mai 2024 dans ce pays d’Afrique australe, deuxième pays le moins développé au monde selon l’ONU.
Or, les forces d’opposition craignent le retour de la "dynastie Déby" avec l’élection de l’actuel président de transition, qui n’a pas ménagé ses efforts pour écarter d’éventuels opposants sérieux.
"L'avenir du Tchad est entre les mains de ses enfants"
Les chrétiens du pays s’inquiètent de cette situation politique sous tension. Dans une récente déclaration, les évêques du Tchad invitent le gouvernement et les institutions chargées d’organiser ce scrutin à "tout mettre en œuvre pour en garantir le bon déroulement et la réussite, en favorisant la libre expression du choix dans le respect du code électoral et la transparence des résultats des votes exprimés dans les urnes".
Réunis en session restreinte du 8 au 13 avril 2024, les évêques tchadiens rappellent à leurs concitoyens que "l’avenir du Tchad est entre les mains de ses enfants" et demandent la lumière du "Dieu Bon et Miséricordieux".
De même, par la voix d’Adam Mahamat, secrétaire général de l’Organisation Internationale Évangélique pour le Réveil des Églises (OIERE) auprès de la commune de la ville de N'Djamena, l’église évangélique a appelé à la réflexion pour le bien des Tchadiens selon Al-Wihda :
"Il est impératif de conjuguer nos efforts à tous les niveaux pour soutenir les hautes autorités du pays. L'État a besoin de vous et de votre soutien pour propager le message de paix et enseigner à vos fidèles à cultiver l'amour d'eux-mêmes et pour le prochain."
Le Tchad compte environ 35% de chrétiens, soit 6 millions sur les 17,4 millions d'habitants de sa population totale. La plupart des chrétiens vivent dans le sud du pays.
Le Tchad est entouré de la Libye, du Soudan, de la Centrafrique, du Niger, du Nigéria et du Cameroun, pays voisins aux prises avec divers conflits qui, selon l'ONG Portes Ouvertes, impactent la vie des chrétiens Tchadiens.
Jean-Benoît Harel