Une semaine après la chute de Bachar al-Assad, les chrétiens de Damas ont pu célébrer leurs offices religieux. Une joie teintée d’appréhension sur le futur gouvernement dirigé par les rebelles islamistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham.
Bouleversement géopolitique au Proche-Orient : la chute du régime syrien de Bachar al-Assad soutenu par la Russie et la Turquie a surpris le monde entier le dimanche 8 décembre. Un groupe rebelle islamiste, Hayat Tahrir al-Cham (HTC), installé depuis 2017 dans la région d’Idleb au nord de la Syrie a mené une offensive éclair, d’abord sur Alep, puis Damas puis l’intégralité du pays.
Damas aux mains des islamistes, une bonne nouvelle pour les minorités religieuses ? C’est la question que se posent les chrétiens. Les dirigeants, dont le nouveau premier ministre nommé Mohammed al-Bachir ont assuré qu’ils respecteront les droits des minorités. De nombreux chrétiens syriens, qui représentaient 10 % de la population avant la guerre civile, ont fui le pays ou soutenu Assad par crainte des insurgés islamistes. Mais certains sont restés, comme à Alep où ils sont environ 20 000.
Ce dimanche 8 décembre à Damas, les portes des églises ont été réouvertes après une fermeture lors de l’attaque d’HTC sur Alep le dimanche précédent, et les services religieux ont pu se dérouler sans difficultées. « Nous voyons maintenant qu’ils montrent montrent plus de respect envers nous les minorités et qu’ils prennent soin de nous », a déclaré Agop Bardakijian, un chrétien résidant à Alep, dans une dépêche d’AP.
Interrogé par Vatican News, le frère George Sabé présent à Alep partage sa confiance : « Comme dans le Nord, nous sommes invités à reprendre nos activités, nous avons reçu des confirmations de sécurité de la part des autorités». Néanmoins, le directeur de L’Œuvre d’Orient, Mgr Pascal Gollnisch invite toutefois à la prudence dans une interview donnée à la Croix :
« On connaît, en revanche, le passé violent de ces groupes islamistes. Les chrétiens ne peuvent donc qu’être prudents »
En effet, dans la région d’Idleb, si les minorités n’étaient pas martyrisées, les possibilités de culte étaient drastiquement réduites. Il était par exemple interdit de sonner les cloches, de laisser une croix apparente sur les églises ou que les vitraux soient visibles de l’extérieur.
Jean-Benoît Harel
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