Une trentaine de chefs religieux du Royaume-Uni ont manifesté dimanche dans une lettre leur opposition et leur "profonde préoccupation" envers le projet de légalisation de l'aide à mourir, soumis à un premier vote vendredi au Parlement britannique.
Ce projet de loi pourrait "trop facilement" donner aux personnes fragiles le sentiment qu'elles ont le "devoir de mourir", ont estimé Sarah Mullally, l'une des évêques représentant l'Eglise d'Angleterre, le grand rabbin Ephraim Mirvis et le cardinal Vincent Nichols, à la tête de l'Eglise catholique.
"Du fait de nôtre rôle, nous sommes profondément inquiets de l'impact que ce projet aurait sur les plus vulnérables, créant une possibilité d'abus et de contrainte" pour qu'ils mettent fin à leur vie, soulignent-ils.
Parmi les 29 signataires figurent également des représentants de l'islam, de l'hindouisme ou de différentes églises orthodoxes au Royaume-Uni.
"Même lorsqu'elles sont entourées d'une famille et d'amis aimants, les personnes en fin de vie peuvent se sentir un fardeau. C'est particulièrement le cas lorsque les aides sociales sont sous-financées", écrivent-ils également.
"L'investissement dans les soins palliatifs est la politique que doit mener une nation véritablement compatissante", concluent-ils dans leur lettre, en plaidant pour davantage de financement.
Les députés de la Chambre des Communes doivent examiner vendredi ce projet de loi, porté par une élue travailliste, qui vise à légaliser le suicide assisté pour les personnes malades en phase terminale.
Il suscite un vif débat et divise y compris les médecins, mais il est largement soutenu par la population d'Angleterre et du Pays de Galles, dont les trois quarts des habitants se sont dits favorables à une aide à mourir selon un sondage YouGov publié vendredi.
Le parti travailliste au pouvoir n'a pas donné de consignes de vote à ses membres sur ce sujet sensible, mais certains ministres, appelés à garder une forme de neutralité, ont toutefois fait connaître leur position.
Le ministre de la Santé Wes Streeting, qui a dit redouter une charge financière supplémentaire sur le système public NHS, en profonde crise, et la ministre de la Justice Shabana Mahmood ont ainsi déclaré qu'ils s'opposeraient à ce texte.
Le suicide assisté ou assistance au suicide est actuellement illégal en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord et fait encourir une peine de 14 ans de prison en cas d'aide ou d'incitation.
La Rédaction (avec AFP)