Avez-vous remarqué ? Lors d’une cérémonie d’obsèques, que le défunt soit croyant ou non, qu’il ait eu une vie pieuse ou non, qu’il ait été une personne de bonne moralité ou non n’y change rien : ce sont toujours les deux mêmes options qui sont présentées.
- Soit la personne est censée aller au paradis ou, du moins, à quelque chose qui ressemble au concept de paradis.
- Soit on n’évoque rien sur la vie après la mort.
Le grand absent de ces hommages, c’est le mot qui fait peur : « l’enfer ».
Il fait peur, ou il fait rire, ou il intrigue. Mais il est celui dans lequel on ne veut pas croire lorsqu’il s’agit de l’âme d’un bien-aimé.
Certaines théologies, y compris chrétiennes, ont même décidé que l’enfer tel que nous nous le représentons habituellement - avec diable, démons, chaleur, feu, souffrance, cris et larmes - n’existe tout simplement pas. L’enfer, ce serait notre vie sur terre. Et puis après, « on ira tous au paradis ».
Ce même paradis dans lequel beaucoup croient et pour lequel ils sont prêts à faire le bien, à donner aux bonnes oeuvres, à aider la mémé d’en face… Tant que ça leur fait gagner « leur paradis ».
Pourtant, la Bible est assez éloquente sur le sujet de l’enfer. Elle en parle souvent, donne des détails, et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’endroit ne donne pas envie.
Alors comment peut-on croire que le Dieu qui a créé le monde et tout ce qui l’entoure, qui a créé l’être humain pour le louer, qui l’aime au point de sacrifier son fils pour lui… comment peut-on croire qu’il va envoyer des foules de ses créatures dans un lieu aussi abominable que l’enfer ?
Y aurait-il là une incohérence qui trouble notre compréhension au point que beaucoup ont décidé d’évacuer le sujet, voire carrément de le réécrire d’une façon plus acceptable et rassurante ?
Puisque, selon la perspective chrétienne, on ne peut revenir de ce lieu ; puisque toute entrée en enfer est censée être définitive, alors la réponse à ce légitime questionnement ne peut se trouver qu’à la lumière de ce que la Bible en dit.
Mais si la Bible en dit beaucoup sur l’enfer, elle ne dit pas tout ce que la tradition et l’histoire de l’Eglise en dit. En d’autres termes, il convient de trier, parmi nos connaissances réelles ou supposées, ce qui provient effectivement de la Bible, et ce qui est de l’ordre de la construction ultérieure, sans fondement scripturaire.
Et les surprises peuvent être de taille.
Le sujet est crucial, car l’enjeu est trop important. Aucune personne dotée d’un minimum de sensibilité spirituelle ne peut prétendre que c’est un thème secondaire, car il le concerne et il concerne tous ses proches, ceux qu’il aime, ceux qu’il ne connaît pas, l’humanité entière, et ce, de façon définitive.
Pascal Portoukalian