Le président de la Conférence des évêques de France (CEF) a réaffirmé lundi l'attachement de l'Eglise au principe de gratuité de l'accès aux lieux de culte, devant la ministre de la Culture Rachida Dati qui avait suggéré, il y a un mois, de faire payer l'entrée de Notre-Dame de Paris aux touristes.
"Les lieux de culte sont affectés au culte exclusivement et intégralement et leur accès est gratuit", a affirmé Eric de Moulins-Beaufort selon le texte diffusé par avance de son discours de clôture des Etats généraux du patrimoine religieux.
Eglises et cathédrales "ont toujours été des lieux ouverts à tous", a-t-il rappelé, et "en faire payer l'entrée pour en assurer l'entretien" serait une manière de "trahir leur vocation originelle".
Dans nos sociétés "où beaucoup de choses sont accessibles du moment que l'on paie, les églises de France, les cathédrales de France sont une magnifique exception", a martelé le président de la CEF, en souhaitant qu'elles "soient préservées de la marchandisation croissante" constatée dans les lieux de culture.
Rachida Dati avait jeté un pavé dans la mare en proposant fin octobre de faire payer l'entrée de Notre-Dame aux touristes pour financer "un grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux". Selon elle, un ticket à 5 euros par visiteur rapporteraient "75 millions d'euros par an".
Le ministre de l'Intérieur, qui en France est aussi chargé des cultes, Bruno Retailleau, avait apporté un soutien immédiat, prenant l'exemple de la basilique de la Sagrada Familia, toujours en construction à Barcelone et où l'on paye l'entrée.
"Si ça doit, pour cinq euros, sauver un patrimoine religieux auquel on peut être attaché, que l'on croit au ciel ou qu'on n'y croit pas" car "tout simplement c'est le paysage français", avait estimé le ministre, figure de la droite libérale-conservatrice et catholique pratiquant.
Notre-Dame de Paris compte parmi les édifices les plus visités en Europe, avec 12 millions de personnes en 2017 et "14 à 15 millions" attendues par le Diocèse après la réouverture prévue le 7 décembre.
Le diocèse de Paris avait pour sa part immédiatement rappelé le principe de gratuité de l'accès aux églises.
Eric de Moulins-Beaufort s'exprimait à la remise d'un rapport initié en septembre 2023 pour recenser le patrimoine religieux français, qui est le deuxième plus important au monde après l’Italie, avec plus de 100.000 édifices dont 60.000 sont des propriétés privées.
"L'un des défis principaux est celui du financement", a-t-il rappelé, même si "l'immense mouvement de générosité qu’a suscité l’incendie de Notre-Dame de Paris", avec plus de 840 millions d'euros collectés, "a donné à penser et peut-être à rêver".
Selon l'enquête publiée lundi, 40.068 édifices cultuels appartiennent aux communes, et 2.145 sont la propriété de diocèses. Sur les 149 cathédrales que compte la France, quatre seulement appartiennent à des diocèses, contre 87 à l'Etat et 52 à des communes.
L'État est en effet propriétaire des églises, chapelles et cathédrales construites jusqu'à 1905, et celles bâties après appartiennent à l'Eglise.
La Rédaction (avec AFP)