
En crise économique et financière depuis 2004, le Tchad renoue désormais avec la croissance, mais reste le dernier pays dans le classement de l’indice capital humain.
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Une crise économique et financière s’est installée au Tchad en 2014, suite à la baisse des prix du pétrole et à l’augmentation des dépenses engagées par le gouvernement pour faire face à la dégradation de l’environnement sécuritaire régional.
En décembre dernier, le secrétaire d’Etat aux Finances et au Budget, Ahmed Alkhoudar Ali Fadel, annonçait : « le Gouvernement a réussi à garder le contrôle de la situation ». Le retour à la croissance en 2018 a été confirmé en 2019, avec une hausse de 3,4%. La situation y reste pourtant critique. Deux mois avant l’annonce de son secrétaire d’Etat, le président Idriss Déby rappelait que « la grave crise économique a dépouillé l’Etat ».
Tous les indicateurs sont au rouge depuis longtemps. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) place le Tchad au 186ème rang de l’indice de développement humain, soit dans le quatuor de queue, juste avant le Soudan du Sud, la République Centrafricaine et le Niger.
Pour la Banque Mondiale, « le Tchad est le dernier dans le classement de l’indice de capital humain ». Cet indice, qui quantifie la contribution de la santé et de l’éducation au niveau de productivité de la prochaine génération de travailleurs, ne laisse pas paraître un avenir vraiment prometteur pour le pays.
À l’origine de cette crise sociale, la baisse du prix du pétrole et l’insécurité régionale.
Le pays est producteur de pétrole depuis 2003. Cette richesse énergétique lui permet de connaître une période de forte croissance. Son économie est dépendante de cette production, qui représentait 20% de son PIB et 80% des exportations en 2018. La chute des prix du pétrole en 2014 a donc conduit le pays à une crise certaine. Les deux dernières années, au bénéfice d’une forte production pétrolière, le pays renoue avec la croissance. Reste une dette importante auprès du courtier en matières premières Glencore. Le remboursement du prêt représente près de 15% du PIB du pays et place le pays en « quasi-faillite ».
En outre, l’insécurité qui règne dans les pays voisins impose de fortes dépenses au gouvernement tchadien, comme le rappelle le ministère français de l’économie et des finances.
« La lutte contre l’insécurité reste un enjeu primordial pour redynamiser les autres secteurs d’activité, en particulier l’agriculture et l’élevage. Les agissements de la secte Boko Haram au Nigéria et dans le Nord du Cameroun ont en effet accentué les effets négatifs de l’enclavement du pays et l’engagement des forces tchadiennes dans de nombreuses opérations de lutte contre le terrorisme fait peser de lourdes charges sur le budget de l’État, au détriment des dépenses sociales et de l’investissement public dans les infrastructures. »
Les années de crise ont contraint le gouvernement à une politique austère, entraînant la colère de la population. Les primes et indemnités des fonctionnaires avaient été réduites depuis 2016, le budget de santé avait diminué de moitié, le système scolaire était en souffrance. Si Amnesty International reprochait alors, en 2018, au Tchad la politique répressive d’un « gouvernement défaillant », l’heure semble désormais à l’apaisement. Le président annonçait fin décembre la restauration « partielle » des primes, indemnités et AGS des travailleurs dès janvier 2020.
Le pays semble désormais pouvoir renouer avec l’espoir. Point de passage entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, ce pays, l’un des plus vastes d’Afrique, dispose de ressources naturelles riches. Le secteur halieutique est en expansion. Si les dernières données annuelles parlent de 107 000 tonnes de poissons, son potentiel est estimé à 150 000 tonnes.
Autre richesse du pays, son sous-sol. D’après l’Agence nationale des investissements et des exploitations (ANIE), « le Tchad est un scandale géologique ». Le sous-sol regorgerait en effet de richesses non exploitées, métaux précieux, pierres gemmes, substances minérales industrielles et matériaux de construction.
Reste toujours au Tchad à faire face à une réalité tragique, la moitié de sa population vit actuellement en-dessous du seuil de pauvreté. Et c’est auprès des populations rurales que la situation est la plus grave, avec 87% de population pauvre.
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M.C.
Crédit Image : basaltunselami / Shutterstock.com