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Au Liban, il est très difficile voire impossible de trouver des médicaments, dans ce contexte de crise le père Michel Abboud, président de Caritas Liban lance un appel à l’aide.
Le système de santé libanais a atteint des niveaux « catastrophiques » dernièrement a déclaré le père Michel Abboud, président de Caritas Liban à AsiaNews.
« Il n’y a pas de médicaments » dans le pays affirme le religieux qui rapporte que beaucoup de personnes « frappent aux portes de Caritas » pour chercher de l’aide et surtout des médicaments vitaux. « Nous faisons ce que nous pouvons » continue le père Abboud « mais c’est une entreprise difficile » car « ils coûtent cher ».
Nous vous avions déjà parlé précédemment de la pénurie de médicaments qui touche le Liban qui s’est intensifié au début du mois de juillet, poussant les importateurs de produits pharmaceutiques à pousser un cri d’alarme. Malheureusement, le problème persiste.
« Beaucoup de médicaments n’arrivent pas et s’ils arrivent, ils ne sont pas stockés ou coûtent un bras et une jambe », relate le président de Caritas.
« De nombreuses personnes atteintes de maladies chroniques se tournent vers Caritas pour obtenir des médicaments contre l’hypertension ou le diabète. Nous n’avons pas de médicaments anticancéreux, donc les patients atteints de cancer meurent en attendant un traitement. Il n’y a pas non plus de vaccins de base pour les enfants » continue-t-il.
Pour lui, tout est lié « à la corruption », il rappelle que le Liban « n’est pas un pays pauvre » mais qu’il a été « pillé et appauvri » par ses dirigeants. « Le COVID-19 et l’explosion du port sont de grandes tragédies, mais les causes premières sont à rechercher ailleurs » affirme le religieux.
Face à cette crise, Caritas a lancé plusieurs initiatives, notamment l’acquisition de médicaments et la prise en charge de certains patients.
« Nous allons dans des villages où des médecins égyptiens proposent des opérations de la cataracte gratuites cependant il sont des milliers à vouloir se faire opérer. Certaines personnes attendent depuis deux ans une opération. »
En conclusion de son plaidoyer, le prêtre délivre un message d’espoir, dans l’attente de la fin de cette crise.
« Nous devons tenir bon et être unis, garder l’espoir pour qu’un jour cette crise soit derrière nous. »
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus et le directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale, Ahmed Al Mandhari étaient en visite officielle de deux jours dans le pays les 16 et 17 septembre derniers pour réitérer leur « engagement envers le peuple libanais » et leur exprimer « solidarité » et « soutien ».
Dans un document publié à la suite de cette visite, l’OMS fait état d’une situation difficile, elle évoque la crise économique, son impact sur le système de santé et la pénurie de médicaments :
« Depuis l’explosion du port de Beyrouth l’année dernière, le pays et sa population ont sombré encore plus dans le désespoir. La crise économique actuelle a accru la pauvreté dans tout le pays, et tous les secteurs, y compris la santé, risquent de s’effondrer. Les pénuries de carburant font que la plupart des hôpitaux ne fonctionnent qu’à 50 % de leur capacité. Pas plus tard qu’aujourd’hui, on nous a dit que deux chirurgies à cœur ouvert avaient été annulées en raison du manque de carburant dans l’établissement où elles devaient avoir lieu. Les médicaments de base et vitaux sont rares, les restrictions en devises étrangères limitant sévèrement l’importation de médicaments et de produits médicaux. »
« Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser derrière nous les plus vulnérables et les plus nécessiteux. L’accès aux services de santé essentiels et vitaux doit être préservé à tout prix, y compris pour les migrants et les personnes handicapées. » clame l’organisation qui salue « l’esprit de résilience et de détermination qui fait la renommée du peuple libanais ».
L’organisation conclut en réaffirmant sa détermination à poursuivre son « travail immédiat qui sauve des vies au Liban, tout en planifiant également des stratégies à plus long terme pour la santé ».
Camille Westphal Perrier
Crédit image : Zwein Florient / Shutterstock.com
Article initialement publié en septembre 2021.