Le rapport de l’Union européenne sur la persécution des minorités religieuses jugé « ouvertement hostile à la religion »
Des députés européens et des organisations émettent de vives critiques sur le rapport de l’Union européenne sur la persécution des minorités religieuses.
Lundi, le rapport de Karol Karski, au nom de la commission des affaires étrangères, sur la persécution des minorités fondée sur la conviction ou la religion, était débattu au Parlement européen de Strasbourg.
Le rapporteur Karol Karski a expliqué que son « hypothèse était de développer l’image la plus complète de la situation sur les différents continents, une sorte de carte des persécutions ou des problèmes rencontrés par les représentants de divers groupes religieux ou non-croyants ». L’objectif de ce rapport est, selon lui, « d’attirer l’attention des institutions européennes et du public sur le problème des restrictions affectant divers groupes religieux et non-croyants, et des attaques dont ils sont victimes en de nombreux endroits à travers le monde ».
« Il s’est avéré, peut-être sans surprise, que les chrétiens sont le groupe religieux le plus persécuté », a-t-il affirmé avant de poursuivre, « les adeptes de l’islam les suivent de près et le judaïsme occupe la troisième place ». Il a précisé que les chrétiens sont persécutés dans 145 pays.
Lors du débat, des critiques ont été levées sur ce rapport.
Peter van Dalen, député européen et membre de l’Union chrétienne, a participé à la rédaction de ce rapport. Il a révélé que « les noms des individus et des organisations qui ont été persécutés pour leur foi ont été retirés du rapport ». Il estime que « le Parlement accorde trop peu d’attention politique aux personnes persécutées en raison de leur religion » et « espère que la Commission nommera rapidement le nouvel envoyé pour la liberté religieuse, car nous l’attendons depuis trop longtemps ».
Le député Bert-Jan Ruissen dit partager « les inquiétudes exprimées par Peter van Dalen sur le fait que les chrétiens ne sont plus guère mentionnés dans le rapport et que de nombreuses informations ont été modifiées ». Il a notamment trouvé « particulièrement inconcevable et désagréable » que « le rapport critique les croyants pour leur position sur l’avortement ».
« Ce sujet n’est pas seulement hors du champ du rapport, mais aussi hors des compétences de l’Union européenne. Chaque vie est digne de protection, en particulier la vie à naître. Nous ne devrions pas critiquer les croyants, mais plutôt les féliciter d’attacher de l’importance au soin de la vie. »
De son côté, Miriam Lexmann a exprimé sa « consternation face à la manière dont ce rapport a été détourné pour stigmatiser la religion elle-même ».
« Monsieur le Président, du Nigeria à la Chine, l’état de la liberté religieuse continue de se détériorer. Du génocide aux restrictions légales, des centaines de millions de croyants – qu’ils soient chrétiens, musulmans, bouddhistes ou d’autres groupes – sont confrontés chaque jour à de terribles souffrances. Bien que je salue le rapport du PE sur la persécution de la liberté religieuse, je ne peux m’empêcher d’exprimer ma consternation face à la manière dont ce rapport a été détourné pour stigmatiser la religion elle-même. Aujourd’hui, la persécution religieuse est l’un des principaux moteurs de nombreux défis auxquels le monde est confronté. Et c’est pourquoi ce ne sont pas des prises de position idéologiques anti-religieuses, mais un soutien ferme aux persécutés dans le monde, ainsi que la nomination d’un nouvel envoyé spécial pour la liberté de religion, soutenu par les bons instruments, qui doivent être la priorité. »
Réagissant à ce rapport, la Commission des Conférences épiscopales de l’Union européenne (COMECE) a publié un communiqué, reprenant les propos de son secrétaire général Manuel Barrios Prieto.
« Toute tentative de porter atteinte au droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et au droit à la vie par des interprétations abusives qui restreignent indûment leur portée légitime ou de les soumettre à des ‘soi-disant droits de l’homme’ nouvellement créés et non consensuels, y compris l’avortement, constituent une violation grave du droit international qui discrédite l’Union européenne devant la communauté internationale et devant des millions de citoyens européens. »
Il l’affirme, « cette proposition de résolution, dans sa formulation actuelle, n’aidera pas des millions de croyants religieux qui sont victimes de persécutions en raison de leur foi, en particulier les femmes et les filles vulnérables, car leur situation sera occultée et rendue invisible en donnant la priorité à d’autres politiques intérêts ».
Jean-Paul Van De Walle, conseiller juridique basé à Bruxelles auprès de l’organisation de défense des droits de l’homme ADF International, dénonce un rapport « ouvertement hostile à la religion ».
« Personne ne devrait être persécuté à cause de sa foi. Il est inacceptable que ce rapport, qui se veut solidaire des personnes persécutées en raison de leur foi, soit ouvertement hostile à la religion. En adoptant la formulation de ce rapport, le Parlement européen a sapé sa crédibilité de vouloir relever les défis auxquels les minorités religieuses sont confrontées dans le monde. »
Le rapport sur la persécution des minorités fondée sur les convictions ou la religion a été adopté le 3 mai.
M.C.