Du 28 au 30 avril, le Temple satanique de Salem célébrera son dixième anniversaire qu’il qualifie de "plus grand rassemblement satanique de l’histoire, la SatanCon". De leur côté, des chrétiens se mobilisent et organisent des moments de prière.
La petite ville de Salem et ses voisines, dont Boston, avaient été le théâtre d’une folle chasse aux sorcières, en 1692 et 1693, encouragée par un pasteur amer, Samuel Parris. Une vingtaine d’innocents avaient été condamnés à mort. C’est là que se trouve symboliquement le quartier général du Temple devenue active en 2013 et qui a ouvert des temples dans divers pays occidentaux.
Le mouvement a décidé d'organiser le plus grand rassemblement satanique de l'histoire à Boston, à une vingtaine de kilomètres de là, et a choisi le thème "Hexennacht in Boston" ("Nuit des sorcières" en allemand). Au cours du rassemblement, auront lieu des rituels sataniques, des divertissements, des tables rondes, un "marché satanique", et les participants pourront trouver une chapelle de mariage satanique.
Malgré son nom, le Temple satanique n’est pas un réel mouvement sataniste et n’est pas liée à l’Église de Satan, fondée elle en 1966. Les deux mouvements ne croient ni en l’existence d’un dieu ni en celle de Satan, et sont à distinguer du satanisme théiste qui considère Satan comme Dieu.
Le Temple de Satan, qui revendique 700 000 membres à travers le monde, est une Église constituée d’athées, d’agnostiques de LGBT. L’un de ses deux fondateurs, Malcom Jarry (pseudonyme), explique avoir lancé le Temple afin d’être au bénéfice du programme de fonds fédéraux en faveur des organisations confessionnelles créé par l’administration Bush en 2001 : le but était de torpiller le programme en provoquant un scandale.
Hostilité affichée au christianisme et aux valeurs chrétiennes
Les fidèles voient Satan comme une image de la rébellion et non comme un ange déchu. Ils disent vouloir mettre en évidence l’hypocrisie religieuse, dénoncer l’autorité arbitraire ou promouvoir le scepticisme pragmatique ou la curiosité, la justice sociale. En février dernier, le Temple a ouvert un centre pro-avortement au Nouveau-Mexique appelé "The Samuel Alito's Mom's Satanic Abortion Clinic'", en réponse au Juge Alito de la Cour suprême, laquelle a statué que l’avortement n’est pas un droit fédéral.
Le Temple a surtout fait parler de lui quand il a voulu installer sa statue en bronze de Baphomet au Capitole de l’Oklahoma en réponse au monument des Dix Commandements. La statue représente une divinité chimérique avec une tête de chèvre sur un corps humain. Il a supprimé sa demande après le retrait du Décalogue en 2016.
Le Temple dénonce particulièrement le christianisme et son influence dans la société américaine ainsi qu’au niveau de l’État. C’est ainsi qu’il a affiché une représentation de Lucifer tombant du Ciel au Capitole de Floride à l’occasion de Noël en 2014, près d’une crèche représentant la Nativité.
L’ouvrage avait été détruit par une femme, mais Pam Olsen, représentante de l’exposition chrétienne au Capitole, avait désapprouvé l’acte :
"Je suis en fait très triste qu’elle se soit sentie poussée à faire ça. Je n’aime pas l’affiche. Je pense que c’est impoli et triste qu’il l’ait mis en place pour protester contre la Nativité qui signifie tant pour des millions de personnes ; cependant, je ne pense pas que l’on devrait jamais vandaliser quoi que ce soit. La liberté d’expression est la liberté d’expression, que cela nous plaise ou non."
Des églises catholiques et organisations évangéliques ont décidé d’organiser des moments de prière. Des centaines de chrétiens devraient se rendre à Boston pour prier, selon l’association Intercessors for America. Sa responsable locale, Suzie MacAskill, précise qu’il s’agit de témoigner de l’amour de Dieu pour les participants :
"Depuis que je cherche vraiment la volonté de Dieu pour cet événement, et que je ne viens pas avec mes propres idées, je crois que j'ai pu entendre plus clairement son amour pour ceux qui sont perdus et sa stratégie pour prier pour cet événement."
Jean Sarpédon