Le pasteur Andrew Brunson est désormais assigné à résidence, et la tension monte entre Washington et Ankara
Le 25 juillet dernier, la justice turque a finalement décidé d’assigner à résidence le pasteur Andrew Brunson, dans l’attente de sa prochaine audience prévue le 12 octobre prochain.
Andrew Brunson a donc pu quitter sa cellule de prison, mais demeure détenu par la justice turque et assigné à résidence dans son domicile d’Izmir, ville dans laquelle Andrew et son épouse Norine ont servi la petite communauté protestante locale durant plus de 20 ans. Pour la vice-présidente de la Commission Américaine pour la Liberté Religieuse Internationale, Kristina Arriaga, il s’agit d’un soulagement, mais ce geste ne suffira pas. Les défenseurs du pasteur attendent toujours sa libération.
« C’est une bonne nouvelle. Il est bon que le pasteur Brunson soit soulagé après avoir été détenu dans une prison turque pendant plus de 600 jours. Mais ce n’est pas assez. Le gouvernement turc a trop longtemps privé cet homme innocent de ses droits et de sa liberté de procédure, et il doit le libérer complètement. »
Pour le gouvernement des États-Unis, l’affaire n’a que trop duré. Des sanctions ont donc été imposées par Washington aux ministres turcs de l’Intérieur et de la Justice, Süleyman Soylu et Abdulhamit Gül, dont leurs éventuels avoirs sur le sol américain ont été gelés. L’administration Trump a également interdit à tout ressortissant américain de faire affaire avec ces responsables turcs. Ces sanctions symboliques mais rares entre deux alliés de l’OTAN, révèlent le niveau de tension entre la Turquie et les États-Unis autour de cette affaire.
Il y a près d’un an, les États-Unis avaient rejeté toute éventualité « d’échange » entre le pasteur et un ressortissant turc, opposant au régime d’Erdogan, réfugié aux États-Unis. Fethullah Gülen, un intellectuel musulman turc, ancien soutien du gouvernement Erdogan, était devenu l’un des critiquesdu Président turc à partir de 2010. Il avait finalement choisi l’exil après avoir été accusé de tentative de coup d’État en 2016.
Vendredi 27 juillet, avant de rencontrer son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu à Singapour, Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine déclarait aux journalistes :
« Les Turcs avaient été prévenus qu’il était temps qu’ils nous rendent le pasteur Brunson, et j’espère qu’ils vont voir ces sanctions pour ce qu’elles sont, la preuve de notre grande détermination. »
Soupçonné de terrorisme et d’espionnage, le pasteur Andrew Brunson nie toutes les accusations. Pour Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche, « il a été victime d’un traitement injuste et injustifié de la part du gouvernement turc ».
Mercredi 1er août, interrogé par des journalistes à Ankara, le président Recep Tayyip Erdogan reprochait également au pasteur ses activités d’évangélisation et son soutien à Israël.
« Il nous est impossible d’accepter cette mentalité évangéliste et sioniste et ce ton menaçant venant des Etats-Unis. »
Pour l’heure, l’escalade de tensions entre les deux gouvernements ne laissent transparaitre aucune solution à cet interminable bras de fer. Le pasteur et sa famille espèrent toujours être très prochainement réunis sur le sol américain.
H.L.
Pour connaître les dates importantes de la mise en accusation du pasteur Brunson.
Pour en savoir plus sur la détention du pasteur Brunson.
The family of #PastorAndrew Brunson appreciates the prayers and support you have given them over the past two years. But they need you now more than ever. Help as we fight to bring Pastor Andrew home. pic.twitter.com/IPQ2AWJ5gc
— ACLJ (@ACLJ) 27 juillet 2018