Le pape François a plaidé pour une laïcité qui ne soit pas "statique et figée", dimanche en Corse, île française de Méditerranée où il effectue une visite éclair. S'exprimant lors d'un congrès sur la piété populaire en Méditerranée, le pape a défendu "un concept de laïcité qui ne soit pas statique et figé, mais évolutif et dynamique".
Une laïcité "capable de s'adapter à des situations différentes ou imprévues, et de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques pour le bien de l'ensemble de la communauté, chacune restant dans les limites de ses compétences et de son espace", a-t-il dit au Palais des congrès d'Ajaccio, en présence de religieux et théologiens. Le pape a reconnu que la foi et la pratique sont en déclin en Europe, la Corse comptant pour sa part 80% de catholiques pour 350.000 habitants, selon le Vatican.
"Aujourd'hui, surtout dans les pays européens, la question de Dieu semble s'estomper", a-t-il admis, mettant cependant en garde contre des analyses "hâtives" de ce déclin et les "jugements idéologiques qui opposent parfois, encore aujourd'hui, la culture chrétienne et la culture laïque".
Concept inscrit dans la Constitution française, la laïcité suscite des débats passionnés en France, entre tenants d'une laïcité "libérale" où chacun peut faire valoir sa liberté de conscience tant que cela ne menace pas la liberté d'autrui, et partisans d'une laïcité "universaliste" visant à émanciper l'individu des récits religieux. La vision "libérale" est régulièrement accusée de céder au communautarisme, la vision "universaliste" étant elle souvent critiquée comme un faux-nez de l'islamophobie.
La laïcité a donné lieu à des polémiques ces dernières années en France, à la rentrée scolaire 2023 sur le port de l'abaya à l'école ou en décembre 2023 lors de l'allumage d'une bougie de Hanouka par le grand rabbin à l'Elysée. Lors de la réouverture de Notre-Dame le 7 décembre, la météo avait obligé à organiser la cérémonie à l'intérieur de la cathédrale, y compris un discours d'Emmanuel Macron, au risque de froisser les plus fervents défenseurs de la laïcité.
S'il s'est par ailleurs réjoui de la vigueur de la piété populaire en Méditerranée, le pape s'est alarmé du "risque" qu'elle soit "contaminée" par des "croyances fatalistes ou superstitieuses" ou "instrumentalisée par des groupes qui entendent renforcer leur identité de manière polémique, en alimentant des particularismes, des oppositions, des attitudes d'exclusion".
La Rédaction avec l'AFP
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