Le Nigeria nie des persécutions contre les chrétiens

Le Nigeria nie des persécutions contre les chrétiens

Le gouvernement nigérian a fermement rejeté vendredi les accusations selon lesquelles les chrétiens seraient victimes de persécutions ciblées dans le pays. "Les attaques et l'insécurité au Nigeria ne sont pas motivées par des préjugés religieux et ne visent aucun groupe religieux en particulier", a affirmé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, dénonçant "une vague de désinformation".

Le président Bola Tinubu, qui s’est engagé en 2023 à lutter contre "les auteurs de la violence qui saigne le pays", rappelle que ces conflits sont complexes, mêlant des dimensions ethniques, économiques et climatiques. Selon Abuja, la majorité des violences, en particulier dans le nord du pays, à dominante musulmane, touche indistinctement toutes les communautés.

C’est suite à la déclaration de Chris Smith, élu républicain au Congrès américain, que le sujet est revenu au centre des débats. En début de semaine, il a plaidé pour que le Nigeria soit de nouveau inscrit sur la liste américaine des "pays particulièrement préoccupants" ("Country of Particular Concern", CPC) en matière de liberté religieuse. Selon lui, "les violences sans fin contre les chrétiens" au Nigeria justifient ce classement, qui pourrait ouvrir la voie à des sanctions américaines contre Abuja.

Chris Smith fonde son alerte sur plusieurs rapports, notamment celui de l'ONG chrétienne Portes Ouvertes. Il cite un chiffre marquant : "89 % des chrétiens martyrisés dans le monde le sont au Nigeria", une statistique issue de l'Index Mondial de Persécution 2025 publié par l’organisation. Ce rapport classe le Nigeria à la 7e place des pays où les chrétiens sont le plus persécutés.

Isa Sanusi, directeur au Nigeria d’Amnesty International, met lui en garde contre une lecture uniquement religieuse de la situation : "Il existe un conflit ancien entre éleveurs, majoritairement peuls et musulmans, et agriculteurs, souvent chrétiens, autour de l’accès à la terre et à l’eau. C’est très facile pour certains acteurs étrangers d’en donner une lecture uniquement religieuse", explique-t-il. Il alerte également sur les conséquences de cette perception :

"En donnant l’impression que seules les vies des chrétiens comptent pour eux, les États-Unis risquent de créer une situation qui attisera les tensions religieuses au Nigeria."

Amnesty International affirme par ailleurs que dans ces violences, "plus de musulmans que de chrétiens" sont tués.

Pourtant, selon l’ONG Portes Ouvertes, la réalité des chrétiens nigérians est particulièrement alarmante. Le pays détient en effet le triste record mondial du nombre de chrétiens tués pour leur foi. L'organisation précise qu'au nord du Nigeria, 12 États appliquent la charia, et les chrétiens y sont traités en citoyens de seconde zone. Tandis que les convertis au christianisme y risquent leur vie.

Portes Ouvertes décrit certes une violence généralisée, mais insiste sur les attaques brutales subient par les chrétiens en particulier. Les groupes jihadistes Boko Haram, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), mais aussi des militants peuls, ciblent par exemple régulièrement les villages chrétiens. Des violences qui entraînent assassinats, enlèvements, viols et déplacements massifs de populations, souvent laissées sans protection ni justice. 

Camille Westphal Perrier (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock 

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