Le jour où Notre-Dame de Paris brûla

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On la surnomme la forêt de Notre-Dame car il fallut l’équivalent d’une forêt entière pour la bâtir, 1300 chênes, soit plus de 21 hectares. La charpente de Notre-Dame de Paris est partie en fumée hier soir, lundi 15 avril, emportant avec elle l’épaisse toiture de plomb sous les regards médusés de centaines de millions de personnes.

Un choc pour les chrétiens, un choc pour tous les français, un choc dont l’onde a été ressentie à l’international. Les terribles images de l’emblématique cathédrale en proie aux flammes ont ébranlé le monde. Le monument historique le plus visité de Paris, dont l’édification a demandé des siècles de labeur, joyau de l’architecture gothique, témoin de la foi médiévale et des événements les plus marquants de l’Histoire de France, a été défiguré hier soir.

Ce matin, après des heures de lutte, le massif incendie est désormais circonscrit. Il laisse derrière lui un désastre dont l’impact architectural, patrimonial, mais aussi symbolique, fera trace dans l’histoire de la majestueuse cathédrale, qui n’en est pas à sa première épreuve. Jamais, cependant, elle n’aura été si lourdement atteinte dans sa structure.

Ni la révolution française, ni la Grande Guerre, ni le bombardement de Paris de 1944 n’auront causé autant de dégâts. Il fallut donc 8 siècles et une « banale » rénovation pour que survienne un incident - volontaire ou non, l’enquête le déterminera - qui aboutira à un désastre.

L’incendie se serait déclaré dans les combles de la cathédrale Notre-Dame vers 18h50, depuis un échafaudage du chantier en cours sur la toiture. « Les deux tiers de la toiture ont été ravagés », selon le général Jean-Claude Gallet, commandant de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris.

Au petit matin, les 400 pompiers équipés de 18 lances incendie, dont certaines - les plus puissantes - directement alimentées par l’eau de la Seine prélevée en contre-bas par des bateaux-pompes, sont parvenus à mettre un terme au terrible événement.

La structure serait apparement sauvée mais selon Laurent Nuñez s’exprimant lors d’une conférence de presse peu avant 7 heures, ce matin :

« Le péril du feu étant écarté, le sujet est bâtimentaire : savoir comment la structure va résister au très grave incendie de cette nuit. »

Cette nuit les messages de soutien de dirigeants, intellectuels, artistes et anonymes du monde entier ont afflué sur les réseaux sociaux. « Cette cathédrale nous la rebâtirons ensemble », a déclaré le Président Macron alors qu’il se tenait au pied de l’édifice, accompagné d’une délégation de ministres et de la maire de Paris, Anne Hidalgo.

L’appel a été entendu. Les familles Arnault et Pinault, deux des plus grandes fortunes de France, annonçaient ce matin 300 millions d’euros de dons, venant s’ajouter aux dotations de la région Ile-de-France et de la ville de Paris.

Si les chrétiens, et particulièrement les catholiques, sont les plus meurtris par l’événement, l’immense majorité des français se sent touchée en son sein.

Car l’histoire de la cathédrale, pour le moins riche et mouvementée, demeure dans l’inconscient de chaque français. Édifiée par les grands bâtisseurs en pleine période d’expansion du christianisme au Moyen-Âge, elle connut la ferveur de Louis IX et de plusieurs rois à sa suite, avant de devenir en 1793, en plein élan anti-chrétien de la Révolution française, un temple dédié au culte de la Raison. Elle devint même un entrepôt pour des milliers de tonneaux de vin destinés aux révolutionnaires. Elle retrouva son statut de lieu de culte en 1801 sous Bonaparte, qui y sera sacré empereur par le Pape Pie VII, trois ans plus tard.

C’est finalement l’oeuvre de Victor Hugo publiée en 1831, qui fera naître l’appropriation et l’engouement des français de tous horizons pour cette géante endormie. Le célèbre récit fût déterminant pour susciter l’intérêt populaire et finalement faire naître un projet de rénovation, au cours duquel sera édifiée par Viollet-le-Duc la célèbre flèche, dont l’embrasement et la chute ont bouleversé le web hier soir.

Avec ses 2000 célébrations par an, Notre-Dame fait donc partie de la vie des chrétiens, mais aussi de celle des français dans leur ensemble. Patiemment édifiée, magnifiée, devenue un temple laïque, pillée, vandalisée, mais aussi restaurée maintes fois, Notre-Dame de Paris a traversé les monarchies et les républiques, les révolutions et les manifestations, les guerres, les bombardements et les balles perdues. La victoire de 1918 et la libération y ont été célébrées. Les parisiens s’y rassemblent désormais lors d’événements douloureux, comme lors du terrible tsunami dans l’Océan Indien en 2004, ou au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, et encore après la course meurtrière de Mohamed Merah.

Certains verront dans l’embrasement de Notre-Dame un symbole de la déchristianisation de la société française. D’autres parlent déjà de jugement de Dieu, ou d’évènement prophétique annonçant la décadence de tout un pays. Beaucoup préfèrent s’attacher à l’espoir de cette croix debout au fond de la crypte, au petit matin de l’incendie.

L’heure est au recueillement pour les témoins, à l’enquête pour les forces de l’ordre, à la sécurisation pour les pompiers, et à la planification de la reconstruction pour les autorités. Mais pour les chrétiens, l’heure est à la prière. Prière pour la nation, pour les autorités, pour la sécurité... Ce faisant, il est impossible de déplaire à Dieu ou d’errer au coeur d’une analyse hasardeuse. Car par lui « les rois règnent, et les princes ordonnent ce qui est juste ». Par lui « gouvernent les chefs, les grands, tous les juges de la terre » (Proverbes 8:15-18).

“Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s’humilie, prie, et cherche ma face, et s’il se détourne de ses mauvaises voies, je l’exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché, et je guérirai son pays.”
2 Chroniques 7:14

H.L.

Pour redécouvrir la cathédrale Notre-Dame de Paris, ne manquez pas cet article :

La construction de la cathédrale Notre Dame de Paris reconstituée en 3D

Découvrir la charpente de Notre-Dame de Paris

La charpente de Notre-Dame de Paris a été mise en place en 1220. Elle a nécessité 1300 chênes, ce qui représente plus de 21 hectares de forêt. Certaines des poutres provenaient d’une charpente plus ancienne, constituée d’arbres abattus entre 1160 et 1170. La flèche a quand à elle été édifiée par Viollet-le-Duc en 1859.

 

 


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