Une attaque attribuée aux rebelles ougandais des Allied Democratic Forces s’est produite samedi soir à Beni, au nord de la République Démocratique du Congo (RDC). Le docteur Mukwege condamne ces « crimes barbares. »
Le drame qui s’est déroulé samedi soir révèle une fois de plus l’instabilité de cette région au nord de la RDC, « perturbée par des attaques multiples contre les forces gouvernementales ». Samedi soir, des rebelles ont accédé au centre de Béni. Les habitants ont commencé à entendre des « crépitements d’armes lourdes et des tirs à partir de la périphérie de la ville ». Détonations qui se sont ensuite rapprochées du centre-ville.
Le bilan de l’attaque, attribuée aux rebelles ougandais des ADF, est de 25 morts, dont 20 civils et de 25 blessés graves. On rapporte également des maisons incendiées, des véhicules endommagés, des pillages ainsi que des enlèvements.
La société civile s’interroge. Comment ces rebelles ont pu entrer et sortir d’une ville pourtant sous la protection de milliers de soldats congolais et de 3000 casques bleus de l’ONU ?
Omar Kavota, directeur du Centre d’Etudes pour la Paix, la Démocratie et les Droits de l’Homme, déplore le silence qui pèse sur le Nord-Kivu :
« Le conflit est sciemment oublié par la communauté internationale qui fait preuve d’une sorte de cécité délibérée. »
Le docteur Mukwege, médecin-directeur de l’hôpital Panzi, « l’homme qui répare les femmes », exprime sa consternation :
« Je compatis à la peine des familles éplorées et exprime mes condoléances les plus attristées ainsi que ma solidarité avec toute la communauté de Beni. Je condamne sans réserve ces crimes barbares et lâches. Je plaide pour qu’une enquête sérieuse soit conduite dans les meilleurs délais et que les responsables de ce massacre soient poursuivis et punis. »
Après avoir exhorté le gouvernement à « prendre toutes les mesures nécessaires », et la classe politique à « chercher des solutions durables à ces attaques qui continuent à endeuiller la ville martyr de Beni », il interpelle le peuple congolais :
« Au peuple congolais dans son ensemble, l’heure est venue de ne plus se limiter à pleurer nos morts et à dénoncer les crimes dont nous sommes en permanence victimes. Il faut maintenant des actes concrets et efficaces. Restons solidaires avec la population de Beni, comme nous l’avons été récemment avec nos compatriotes du Kasaï et ceux d’autres régions éprouvées. »
Il s’adresse également aux autre pays africains, afin que l’indifférence cesse :
« Lorsque la case du voisin brûle, la tradition africaine impose à chacun d’agir pour éteindre le feu. Ces deux décennies de massacres et de souffrances au Congo sont un profond déshonneur pour l’ensemble de notre continent. »
La rédaction