Le collectif Marchons Enfants demande le report de l’examen en seconde lecture du projet de loi bioéthique.
Hier, le collectif Marchons Enfants donnait une conférence de presse devant le Ministère de la Santé. Estimant que les conditions d’un débat public apaisé et démocratique ne sont pas réunies, le collectif demande le report de l’examen en seconde lecture à l’Assemblée nationale du projet de loi bioéthique prévu dans quelques jours et annoncé le 16 juin.
L’organisation La Manif Pour Tous estime « incompréhensible » la décision d’inscrire le projet de loi bioéthique à l’ordre du jour de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale.
« À l’heure où nous faisons face à une crise sanitaire sans précédent, avec des inquiétudes légitimes sur une nouvelle vague à l’image de la situation en Chine, en Amérique Centrale, aux Etats-Unis ou au Moyen-Orient, comment expliquer la précipitation du gouvernement de relancer le projet de loi bioéthique. Est-ce la réponse attendue par les Français à cette crise inédite à laquelle s’ajoute aujourd’hui une crise économique et sociale majeure, nécessitant la mobilisation du gouvernement et de sa majorité pour y apporter en urgence les réponses adaptées. »
L’organisation avance les priorités des Français, tournées vers l’emploi, le pouvoir d’achat, le système de santé ou encore l’environnement. Elle évoque également la « crise économique et sociale majeure » qui nécessite « la mobilisation du gouvernement et de sa majorité », et reproche des délais précipités.
« Annoncé le 16 juin en conférence des présidents de l’Assemblée nationale, l’examen en seconde lecture du projet de loi bioéthique va démarrer dès la fin du mois en commission. Les députés n’ont que quelques jours pour étudier le texte largement remanié par le Sénat et proposer leurs amendements qui seront débattus en commission. C’est un procédé qui n’est pas à la hauteur du texte et qui traduit une précipitation de la majorité. Les députés n’auront pas le temps nécessaire pour travailler ce dossier dont tout le monde s’accorde à reconnaître la complexité et le fait qu’il touche à l’intime. C’est la raison pour laquelle tous les groupes parlementaires ont laissé la liberté de vote aux députés en première lecture. Le problème est que le débat public va être fortement amputé. »
Ludovine de La Rochère, présidente de La Manif Pour Tous, demande un report de l’examen en seconde lecture.
« Avec les représentants du mouvement associatif unitaire rassemblé sous le label ‘Marchons Enfants’, je demande solennellement le report de l’examen en seconde lecture à l’Assemblée nationale. Son maintien serait un déni de démocratie. Il reste encore quelques jours au Président de la République, au Premier Ministre et à la majorité pour reprendre pied dans la vie réelle et confirmer le report, a minima lorsque les conditions sanitaires permettront le plein exercice de la démocratie sur des sujets de société qui touchent à l’intime. »
Caroline Roux, déléguée générale adjointe d’Alliance VITA, membre du collectif Marchons Enfants, dénonce le « passage en force du très controversé projet de loi de bioéthique ».
Elle l’affirme, « ce projet de loi bioéthique fait courir des risques graves pour les générations futures ».
« Ce projet de loi bioéthique fait courir des risques graves pour les générations futures. C’est la fuite en avant vers une procréation toujours plus artificielle, qui aboutit à une remise en cause de droits de l’enfant et un bouleversement de la filiation. C’est une pression vers plus de sélection des générations futures, à travers la multiplication des diagnostics pré-nataux, avec à la clé des risques de discriminations génétiques et de stigmatisation accrue du handicap. C’est aussi le franchissement de lignes rouges graves autour de la manipulation de l’humain, avec la perspective d’ouverture à des modifications génétiques de l’embryon humain, mais aussi l’autorisation de la création de chimères mélangeant des cellules animales avec des cellules humaines. »
Elle en appelle à « la responsabilité du gouvernement et des parlementaires », au retrait du projet de loi bioéthique.
« Le gouvernement ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé : il s’agit d’une nouvelle donne, le monde a été fragilisé. Des urgences économiques, sociales, et sanitaires sont à prendre en compte, dès cet été. Il faut respecter le temps des priorités et le temps des parlementaires, qui doivent travailler à des réformes vitales pour répondre aux besoins des Français. C’est pourquoi nous demandons le retrait de ce projet de loi bioéthique. »
M.C.