Le chef de l'Eglise en Argentine déplore que les réformes excluent les plus pauvres

Le chef de l'Eglise en Argentine déplore que les réformes excluent les plus pauvres

Le nouveau chef de l'Eglise catholique argentine, Marcelo Colombo, a adressé jeudi une mise en garde au gouvernement ultralibéral du président Javier Milei, déplorant que les réformes économiques excluent de nombreux Argentins, et disant attendre du chef de l'Etat "de l'empathie".

"Clairement, il y a un engagement fort à la mise en ordre de l'économie, voir comment l'argent est dépensé, faire des priorités de dépenses", a pris acte Mgr Colombo sur la radio Mitre.

"Mais l'important, c'est que tout ce qui est réforme économique se fasse toujours avec les gens en dedans, pas en dehors, en gardant les gens à l'esprit." Actuellement "il y a beaucoup de gens en dehors", a dit le prélat, exprimant la "grande inquiétude" de l'église devant la hausse des demandeurs aux soupes populaires:

"Ca devient dificile pour nous, dans les organisations (caritatives catholiques) Caritas, dans les diocèses. Les nombres (de demandeurs) ont augmenté."

Dans une interview distincte sur la station régionale Radio Mitre Mendoza, Mgr Colombo a également déclaré que son message au président Javier Milei serait :

"une invitation à dialoguer avec tous, et générer ce courant d'empathie nécessaire et essentiel avec les plus pauvres".

La drastique austérité budgétaire menée depuis près d'un an par le gouvernement Milei a permis un redressement des comptes et une décélération marquée de l'inflation, mais au prix d'une récession et d'une forte augmentation de la pauvreté à plus de 50% au premier semestre 2024, niveau inédit depuis une vingtaine d'années.

Marcelo Colombo, 63 ans, archevêque de Mendoza (ouest) depuis six ans, a été élu mardi pour trois ans président de la Conférence épiscopale argentine, c'est-à-dire chef de l'Eglise catholique argentine, un poste jadis occupé de 2005 à 2011 par Jorge Bergoglio, l'actuel pape François. Mgr Colombo succède a Oscar Ojea, et selon l'analyse des médias argentins, s'inscrit dans la même veine d'une Eglise à fibre sociale marquée, dans la lignée de Jorge Bergoglio.

Mgr Ojea s'est par le passé dressé contre le Javier Milei quand il était candidat à la présidentielle pour ses "insultes et mensonges" proférés contre le pape, puis début 2024 pour dénoncer "une perte de sensibilité", des retards de distribution d'aliments aux soupes populaires, à un moment où l'exécutif disait réaliser des "audits" des circuits d'aide.

Bien qu'en perte de vitesse, le catholicisme reste la religion largement majoritaire en Argentine, pour environ 63% de la population selon des études universitaires.

La Rédaction avec l'AFP

Crédit image : Shutterstock / JopsStock


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