L'Alliance évangélique suisse opposée au travail le dimanche
Un amendement fédéral en cours de discussion dans les instances législatives suisses propose d’autoriser le travail dominical dans les villes touristiques de plus de 60 000 habitants. L’Alliance évangélique suisse s’y oppose et dénonce "une exception inutile à la règle".
En Suisse, une nouvelle modification de l'ordonnance 2 de la loi par le Conseil fédéral propose l’ouverture des magasins dans les villes de plus de 60 000 habitants, à forte fréquentation touristique. L’objectif de ce nouvel amendement encore en cours de consultation est de répondre aux besoins des touristes, notamment internationaux.
L'Alliance évangélique suisse (SEA-RES) s'y est fermement opposée affirmant ne voir "aucun intérêt social prépondérant ou impérieux" à ouvrir plus largement le travail le dimanche.
Pour l’organisation, il s’agit d’une "exception inutile à la règle". Avec d’autres associations, elle a formé l’Alliance du Dimanche qui a dénoncé la modification de la loi dans un communiqué publié fin février.
Aujourd’hui, la loi sur le travail protège le dimanche comme jour chômé, de sorte que le travail rémunéré est limité aux activités professionnelles indispensables à la société. "Les entreprises qui peuvent démontrer un besoin urgent ou une indispensabilité technique ou économique reçoivent déjà aujourd'hui une licence de dérogation", précisent les associations favorables au repos dominical.
L’Alliance évangélique souligne les mérites de ce jour de repos institutionnalisé dans la société, rappelant que "l'interruption du rythme de travail sert à la récréation et à la régénération".
"Le dimanche commun sans travail permet de maintenir les contacts sociaux, qu'il s'agisse de la famille, des amitiés ou de la participation à des services religieux ou à d'autres festivités."
Toutefois, le 12 mars 2024, le Conseil national a accepté un amendement visant à modifier la loi fédérale sur le travail. Il doit permettre "l'ouverture dominicale des commerces de proximité, à savoir les magasins d'une petite taille et qui n'emploient qu'un nombre limité de collaborateurs et dont l'assortiment est celui d'une épicerie". Selon l’auteur de la motion Philippe Nantermod (PLR/VS), "les évolutions techniques et sociétales ont rendu le travail dominical largement accepté".
"Il est admis aujourd'hui qu'un certain nombre de commerces sont ouverts les dimanches et que les consommateurs peuvent s'approvisionner facilement dans les gares, les stations-service, les aéroports et dans les régions touristiques. Les citadins ont désormais l'habitude de pouvoir se 'dépanner' facilement sept jours sur sept."
Les syndicats comme l’Unia craignent que ce type d’assouplissement ne soit qu’une étape supplémentaire vers l’ouverture généralisée des magasins le dimanche en Suisse.
Jean-Benoît Harel
