« La violence sexuelle pour répandre la peur » en Haïti

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« Des enfants âgés d’à peine 10 ans et des femmes âgées ont été soumis à des viols collectifs pendant des heures devant leurs parents ou leurs enfants, par plus d’une demi-douzaine d’éléments armés lors d’attaques contre leurs quartiers. »

Le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) viennent de sortir conjointement un rapport intitulé « Violences sexuelles à Port-au-Prince : une arme utilisée par les gangs pour répandre la peur ». Ils y dénoncent « le calvaire des victimes de violences sexuelles qui sont la cible de gangs armés ».

Les rapporteurs ont recueilli 90 témoignages, auprès des victimes, des témoins, des organisations. Le rapport commence par le drame de Rose, 25 ans, enceinte de son cinquième enfant.

« Dans l’après-midi du 7 juillet 2022, Rose, mère de quatre enfants et enceinte de cinq mois, a été sévèrement battue et violée, en présence de ses enfants, par trois hommes masqués et lourdement armés. Ces derniers étaient entrés de force dans sa maison lors d’une attaque lancée contre les habitants du quartier de Brooklyn, à Cité Soleil. Plus tôt ce jour-là, le mari de Rose avait été exécuté par balles par des membres du même gang. Avant de partir, les individus armés ont mis le feu à sa maison, obligeant Rose et ses enfants à dormir dehors pendant plusieurs nuits. »

Le rapport fait également état de violence sexuelle sur mineurs et sur des femmes âgées.

« Des enfants âgés d’à peine 10 ans et des femmes âgées ont été soumis à des viols collectifs pendant des heures devant leurs parents ou leurs enfants, par plus d’une demi-douzaine d’éléments armés lors d’attaques contre leurs quartiers. »

Si ces gangs sont en mesure de contrôler près d’1,5 million des habitants de Port-au-Prince, c’est, selon les rapporteurs, « en raison de l’impunité généralisée et de la facilité d’accès aux armes de gros calibre et aux munitions provenant du trafic illégal depuis l’étranger ».

Les experts s’inquiètent également du défaut de prise en charge médicale et psychosociale des victimes.

« Dans l’ensemble, le système de santé haïtien est mal préparé et mal équipé pour répondre aux besoins sanitaires de base de sa population, et encore moins pour fournir des soins médicaux spécialisés aux victimes de violences sexuelles. Ceci est particulièrement marquant pour les cas de blessures graves et traumatiques dues aux viols collectifs vaginaux et anaux. »

Nada Al-Nashif, chef par intérim des droits humains, dénonce « un comportement barbare ». « Les gangs utilisent la violence sexuelle pour semer la peur, et de façon alarmante, le nombre de cas augmente de jour en jour à mesure que la crise humanitaire et des droits humains en Haïti s’aggrave », a-t-elle déclaré.

Selon le Bureau intégré des Nations Unies, qui rappelle que les gangs contrôlent 60% de la capitale haïtienne, « au cours de l’année écoulée, la violence des gangs est devenue incontrôlable, en particulier dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans certaines villes régionales ».

M.C.

Crédit image : Shutterstock /Rotorhead 30A Productions

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