La Vigie de la laïcité dénonce le discours ambigu de Jean Castex au Vatican et une « instrumentalisation politique » de la laïcité

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La Vigie de la laïcité, créée en juin dernier par treize personnalités politiques et chercheurs, reproche au Premier ministre Jean Castex d’avoir tenu des propos ambigus par rapport à la laïcité la semaine dernière, lors de sa visite à Rome. 

Dans un communiqué publié mercredi 20 octobre, la Vigie de la laïcité, organisme « destiné à apporter une expertise fondée sur la raison, la connaissance et le débat critique », a régi aux déclarations faites par Jean Castex lors de sa visite officielle au Vatican, lundi 18 octobre.

L’organisme, créé par plusieurs personnalités dont l’ancien président de l’Observatoire de la laïcité Jean-Louis Bianco et le philosophe Olivier Abel, pointe en particulier « l’instrumentalisation politique à des fins électoralistes, de la laïcité ».

Le communiqué affirme que « si le discours du Premier ministre à l’occasion de sa visite au Vatican n’est juridiquement pas contraire au principe de laïcité, ce n’est, malheureusement que par son ambiguïté » faisant notamment référence aux propos de Jean Castex qui a évoqué un « lien millénaire » entre la France et l’Eglise catholique « au point d’être qualifié de filial ».

Une déclaration qui selon la Vigie n’est pas « sans rappeler une marque d’adhésion à la ‘France, fille aînée de l’Eglise’,opposée (notamment sur l’aspiration à la laïcité) durant tout le 19e siècle à la France ‘fille des Lumières et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen' ».

La Vigie de la laïcité revient également sur une citation de la Bible faite par le Premier ministre : « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Matthieu 22:21).

Jean Castex aurait utilisé cette phrase « pour laisser entendre que le christianisme s’inscrit en soutien à la séparation ». Selon l’organisme, il s’agit d’une déclaration « hasardeuse » qui traduit « une méconnaissance de l’histoire », rappelant que « les autorités de l’Eglise catholique ont, jusqu’à l’adoption de la loi du 9 décembre 1905, interprété ces propos comme une simple distinction des pouvoirs entre spirituel et temporel, ce dernier restant soumis à Dieu ».

« La laïcité n’est pas une opinion, c’est notamment le principe qui permet d’en exprimer une vis-à-vis des convictions et des croyances. Son idéologisation à outrance ne la renforce pas mais au contraire la remet directement en cause » martèle le communiqué en conclusion.

L’organisme a également réagi à un autre discours qui selon lui, instrumentalise également la laïcité à des fins politiques, cette fois prononcé par le ministre de l’Education nationale devant les formateurs internes à la laïcité. Dans ce contexte, la Vigie dénonce « la menace explicite faite aux enseignants qui refuseraient de ‘transmettre les valeurs de la République' » qu’elle estime « déplacée » et met en garde contre « une idéologie conservatrice voire réactionnaire ».

Camille Westphal Perrier

Crédit image : Frederic Legrand - COMEO / Shutterstock.com

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