En Arabie saoudite, seule la religion musulmane a droit de cité. Il n’y existe aucune église et les cultes non islamiques sont interdits sous peine de prison, même quand ils sont pratiqués en secret chez des particuliers. En janvier dernier, des coptes orthodoxes expatriés dans le royaume wahhabite ont pu célébrer Noël, notamment grâce au soutien des autorités égyptiennes.
Parmi les 2,1 millions de chrétiens en Arabie saoudite, 50 000 seraient des coptes. Ces chrétiens orientaux fêtent la Nativité le 7 janvier, et la dernière célébration leur a offert de l’espoir d’une plus grande liberté, relate le magazine Christianity Today.
Dans cinq villes du royaume, dont la capitale Riyad, les coptes ont pu se réunir pour des célébrations liturgiques, "sous le parrainage total des autorités saoudiennes" avec le soutien de l’ambassade d’Égypte, pays dont le président, Abdel Fattah al-Sissi, mène une politique volontariste en faveur des chrétiens, notamment quant à la construction d’églises. Les villes des lieux saints de l’islam, La Mecque et Médine, n’étaient pas concernées.
L’une des célébrations a été menée par Mgr Marcos, évêque de l'Église copte orthodoxe d'Égypte, devant 3 000 de ses coreligionnaires. Le prélat se réjouit :
"Il y a neuf ans, on m'a dit : Priez, mais n'en parlez pas publiquement. Cette fois-ci, c'est l'Arabie saoudite qui en fait la publicité."
Visites saoudiennes chez les coptes en Égypte
Cette visite officielle n’est pas subitement du ciel, elle survient alors que la maison royale se montre de plus en plus tolérante envers les coptes. En 2014, elle avait fermé les yeux sur des cultes dirigés en secret par Mgr Marcos auprès de 4 000 croyants. Lorsque la chaîne qatarienne al Jazeera a révélé l’information, les autorités saoudiennes ont dit à l’évêque que cela ne les dérangeait pas. Dès lors, chaque année les coptes du royaume ont pu bénéficier d’une semaine liturgique officiellement interdite. D’habitude, les pasteurs coptes rencontraient leurs fidèles au Bahreïn où la liberté religieuse est relativement plus grande.
De son côté, le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud a même rendu visite au pape copte Tawadros II en Égypte. Le prince héritier Mohammed ben Salmane a visité la cathédrale copte orthodoxe du Caire en 2018 et posé avec Tawadros devant une icône du Christ, et a encouragé les visites de Mgr Marcos. C’est en décembre dernier que les coptes ont appris qu’ils pourraient célébrer officiellement Noël.
Les autres dénominations chrétiennes sont concernées
Des gestes d’ouverture sont également faits en faveur d’autres dénominations chrétiennes, comme en 2022 lorsque la Ligue islamique mondiale a organisé une petite réunion interconfessionnelle à Riyad avec le secrétaire d'État du Vatican, le patriarche œcuménique orthodoxe, le secrétaire général de l'Alliance évangélique mondiale (AEM), 15 rabbins en vue et l'ambassadeur itinérant des États-Unis pour la liberté religieuse internationale. Selon le secrétaire général de l’AEM, Thomas Schirrmacher, le président de la Ligue Mohammed al-Issa a veillé à ce que la moitié des délégués soient des protestants. Environ 500 000 évangéliques travaillent dans le royaume.
En août 2012, Riyad avait expulsé 35 chrétiens éthiopiens emprisonnés depuis le 15 décembre 2011 après avoir été surpris lors d’une réunion de prière secrète. Alertés par l’ONG International Christian Concern, des membres du Congrès américain avaient fait pression pour obtenir leur libération.
L’Arabie saoudite se situe à la treizième place sur l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2023 de l’ONG Portes Ouvertes, parmi les 50 pays qui leur sont les plus hostiles. L’apostasie de l’islam y est punie de mort.
Jean Sarpédon