La première dame Afghane, reine Esther du XXIème siècle, est une chrétienne francophone

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Rula Ghani, l’épouse du président de la République Islamique d’Afghanistan est chrétienne.

Ashraf Ghani et Rula se sont rencontrés à Beyrouth au Liban, alors que Rula, jeune libanaise diplômée de Sciences Po Paris, travaille pour l’Agence France Presse, et que le futur Président fait ses études à l’Université Américaine. En 1978, celui qui est devenu son époux, est professeur à l’Université de Columbia. C’est à ce moment qu’a lieu le coup d’état communiste en Afghanistan, qui bouleverse le fragile équilibre du pays et rend impossible le retour en Afghanistan du jeune couple. Ils passeront finalement 30 ans aux Etats-Unis. Ashraf enchainera les postes à l’Université de Berkeley, Johns Hopkins ainsi qu’à la Banque Mondiale.

C’est après les attentats du 11 septembre 2001 et la chute des talibans que le destin du couple Ghani va basculer. Ashraf est alors sollicité pour participer à la reconstruction de l’État afghan. Après divers postes dans la diplomatie, il devient conseiller d’Hamid Karzai et participe au gouvernement intérimaire afghan. Il devient Président en 2014 d’un pays miné par 35 ans de guerre.

Fait rare dans une république islamique, Ashraf Ghani rend hommage à son épouse et la remercie au cours de son discours d’inauguration en tant que Président.

« Ça ne les gène pas que je sois chrétienne, car dans le Coran, il est clairement dit qu’un musulman peut épouser une chrétienne. »

Mais Rula, la libano-américaine, qui parle l’anglais, le français, l’arabe, le farsi et le pachtou, ne reconnait pas le pays qu’elle avait connu au début des années 70, et au sein duquel les femmes étaient pleinement actives et intégrées dans la société.

Dès l’élection de son mari, la première dame de 65 ans, bien que chrétienne, doit porter le voile et débute le mandat de son mari de manière discrète. Pourtant, un évènement va marquer son engagement. Alors qu’elle circule dans les rues de Kaboul, elle est témoin du lynchage d’une afghane, finalement brûlée vive devant ses yeux, en raison d’un présumé blasphème.

Pour Rula

« Ce n’est pas acceptable. »

Elle décide alors de militer pour le droit des femmes dans son pays d’adoption, qui a tristement rendu célèbre la burqa bleue dissimulant l’ensemble du corps, et ne laissant apparaitre les yeux, qu’au travers d’une grille tissée. Elle veut aider les femmes afghanes à être respectées, plus sûres d’elles mêmes et à prendre leur place dans la cité.

« Ce que je demande pour les femmes c’est le respect. »

La première dame, devenu symbole d’émancipation, a donc finalement décidé de faire entendre sa voix pour apporter de l’espérance aux femmes de son pays.

« Je ne me rendais pas compte du symbole que j’allais devenir. »

H.L.


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