La Pâque juive entre tradition et modernité

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La fête de Pâques, fête majeure des chrétiens, commémore la cène, la Passion et la résurrection du Christ. Selon les évangiles, ces événements ont eu lieu lors des célébrations de la Pâque juive, Jésus représentant l’agneau pascal rachetant les péchés du monde par son sacrifice.

La fête juive de Pessah, du mot hébreu qui signifie « passer au-dessus, épargner » est une référence à la dernière des dix plaies d’Egypte punissant Pharaon pour son refus de libérer le peuple juif. D’après le livre de l’Exode, Dieu a décidé de tuer tous les premiers nés d’Egypte.

Afin que leurs enfants soient épargnés, les Juifs reçoivent l’ordre de sacrifier un agneau indemne de toute tare et de badigeonner son sang sur les linteaux de leurs portes. Reconnaissant le signe, Dieu « passerait au-dessus » de la porte et épargneraient ses nouveaux-nés.

La fête chrétienne de Pâques plonge ainsi ses racines dans la Pâque juive commémorant la sortie d’Egypte du peuple hébreu et le début de l’année agricole. Nommée également Fêtes des azymes, Fête de la germination de l’orge ou Le temps de notre liberté, elle est célébrée cette année du vendredi 15 au samedi 23 avril, et constitue une des trois fêtes de pèlerinage du judaïsme prescrite par la Bible hébraïque.

Pour les juifs il s’agit d’un moment sacré pendant lequel sont mises en avant les notions de liberté, rédemption et gratitude, elle nécessite toute une préparation matérielle et spirituelle, et le véritable cœur de cette célébration consiste à préparer le repas rituel, le seder, qui a lieu durant la première nuit de Pessah.

Qu’est-ce que le Séder ?

Pour connaître en quoi constitue un Séder, le site fr.chabad.org fait un point complet sur ce repas comprenant lecture de textes, consommation de vins, histoires, consommation d’aliments spéciaux et chants. La procédure, en quinze étapes, est présentée dans un livre nommé Haggadah et les aliments sont disposés sur le plateau du Séder, le kéara.

La cérémonie débute par la récitation du kiddouch proclamant la sainteté de la fête. Elle s’effectue en tenant un verre de vin, le premier des quatre verres consommés inclinés sur le côté pendant le Séder. Elle se poursuit par Our’hats, le lavage rituel des mains avant le Karpas, le trempage des aliments dans l’eau salée qui fait partie d’actes destinés à susciter la curiosité des enfants.

Ensuite, le Ya’hats où l’on brise la matsa rappelle l’ouverture de la Mer des Joncs par Dieu avant l’étape de Maguid, où a lieu la lecture de la Haggadah racontant l’Exode d’Egypte, où les pauvres sont invités à rejoindre le Séder et où un second verre de vin est versé.

On procède alors au Ro’htsa, deuxième lavage des mains et au Motsi Matsa où, suivant la bénédiction habituelle avant le pain, deux morceaux de la matsa sont mangés en s’accoudant. Suivent alors les étapes de Mahor, où sont consommés au moins trente grammes d’herbes amères et le Korekh, où est mangé le sandwich de Hille, grand sage du Talmud, consistant en herbes amères entre deux morceaux de matsa.

C’est alors qu’intervient Choul’hane Orekh, le festin, en commençant par un œuf dur trempé dans de l’eau salée.

Traditionnellement associé au deuil, l’oeuf rappelle que le repas manque de l’agneau sacrificiel. Tsafoun, la sortie de la cachette suit le repas et la demi-matsva, qui avait été « cachée » et mise de côté, est sortie et mangée symbolisant l’agneau pascal que les ancêtres mangeaient à la fin du seder de Pessah.

Les bénédictions après le repas, Berakh, sont l’occasion de remplir un troisième verre de vin, de réciter l’Action de grâce et de boire ce verre accoudé.

La coupe d’Elie et les verres sont remplis, la porte est ouverte et un passage invitant le prophète Elie, annonceur de la venue de Machia’h, le Messie, est récité. Les chants de louange, Hallel, sont alors l’occasion de chanter les louanges du Tout-Puissant avant la bénédiction sur le vin et la consommation du quatrième verre de vin.

Le rituel se clôt alors par Nirtsa, l’acceptation, lors de laquelle est prononcée la phrase « L’Shana Haba’ah B’Yerushalayim », qui signifie en français, « l’an prochain à Jérusalem ».

Le Séder végétarien gagne sa place à table !

Occasion festive, le banquet de Pessah est traditionnellement l’occasion de déguster, à côté de la soupe aux boulettes de matsa, du kugel de pommes de terre ou des macarons à la noix de coco, de la poitrine de bœuf, du poulet, du foie haché ou du poisson farci.

Cependant, comme le rapporte Religions News Service, ces plats carnés ne font plus recette auprès de nombreux Juifs qui   adaptent leur repas, avec l’accord des autorités rabbiniques.

Ainsi, depuis une vingtaine d’années, le plat symbolique du Séder a évolué dans certains foyers et l’os de jarret a été remplacé par de la betterave et l’oeuf dur par des champignons !

Eric Coursodon


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