
Par un vote du Parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée le 12 mars 2025, le pays de l’océan Pacifique a proclamé officiellement son identité chrétienne. Une initiative qui divise, dans une île peuplée à plus de 95% de chrétiens.
Le préambule constitutionnel de Papouasie-Nouvelle-Guinée a été modifié. Il énonce désormais :
"Nous, le peuple de Papouasie-Nouvelle-Guinée, reconnaissons et déclarons Dieu le Père ; Jésus-Christ, le Fils ; et le Saint-Esprit, comme notre Créateur et Soutien de l'univers entier et source de nos pouvoirs et autorités, délégués au peuple et à toutes les personnes dans la juridiction géographique de la Papouasie-Nouvelle-Guinée."
Le Parlement du pays a voté le 12 mars pour renforcer son identité chrétienne et a adopté cette modification à une large majorité de 80 voix contre 4. Une phrase qui rassemble une immense majorité de la population car 95,6 % des 8 millions d’habitants de la population papouasienne s'identifie comme chrétienne, avec une majorité de catholiques (27 %) et de luthériens (19,5 %).
Si les changements apportés à la Constitution officialisent l’identité chrétienne de la PNG, cela n’en fait pas pour autant un État chrétien. Car les États chrétiens disposent en plus d’une Église d’État, ce qui fait grincer des dents dans le pays note The Pillar.
En effet, malgré l’homogénéité religieuse apparente, la décision d'inscrire explicitement le christianisme dans la Constitution a suscité des réactions contrastées. Les autorités catholiques, notamment, craignent que cette déclaration n'entraîne des tensions interconfessionnelles, étant donné la diversité des dénominations chrétiennes présentes dans le pays. De plus, elles s'inquiètent des implications potentielles sur la liberté religieuse, malgré les assurances que les autres religions conserveront leur droit de pratique.
Le cardinal John Ribat, archevêque de Port Moresby, a également exprimé des réserves quant à la transformation de la nation en un "État confessionnel", de peur que cela n'altère la nature de l'État et les équilibres existants et entraîne une manipulation du fait religieux par la classe politique, souligne Fides.
Plusieurs pays reconnaissent officiellement le christianisme comme religion d'État ou lui accordent un statut particulier, comme la Zambie dont le préambule de la Constitution de 1991 proclame la Zambie comme une "nation chrétienne", tout en garantissant la liberté religieuse. Idem pour Malte ou Monaco qui reconnaissent le catholicisme comme religion d’État.
Germain Gratien