La « Mère Teresa des prostituées » de Stockholm : De son enfance abusée et la violence de la rue au secours des autres
« Le Seigneur me voulait vivante, même si j’ignorais encore son existence. »
Elise Lindqvist n’avait que 5 ans lorsque les abus sexuels ont commencé. Victime des membres de sa famille, elle a ensuite connu l’abandon, la violence de la rue, la prostitution. Mais un jour, dans un centre de réadaptation, un chrétien lui parle de Jésus et du pardon. Ce fut pour elle une « une pluie de lumière et de paix ».
Celle que l’on appelle « l’ange des prostituées de Malmskillnadsgatan », raconte à Vatican News sa compassion et son engagement.
C’est quand elle a eu 5 ans que des proches de sa famille ont commencé à abuser sexuellement la jeune Elise.
« Quand ils me demandaient d’aller manger chez eux, je connaissais le prix à payer. Après je m’enfuyais, menacée de mort si jamais je parlais. »
Sa mère savait ce qui se passait quand des hommes emmenaient Elise dans la pièce à côté, mais elle préférait détourner le regard. Tout le monde la dit « laide et stupide ». Seul son père lui montre quelques signes de tendresse.
« Je pense que sans les petites expressions de tendresse de mon père, je n’aurais pas survécu. »
Mais, quand elle a 10 ans, son père meurt. Son beau-père, alcoolique, la menace sans arrêt.
« Un jour, il a pointé son arme sur moi, j’avais à peine 12 ans. Je l’ai supplié de tirer, parce que je ne voulais plus vivre. »
Et il a tiré. Mais le fusil n’était pas chargé.
« Le Seigneur me voulait vivante, même si j’ignorais encore son existence. »
À 14 ans, pour la première fois, elle rencontre une femme qui prend soin d’elle. Le repos va être de courte durée.
« C’était une femme magnifique. Personne ne m’avait jamais traitée de belle et en un instant, j’étais totalement en son pouvoir. J’aurais fait n’importe quoi pour elle. Je l’appelais ‘maman’. Elle m’achetait des vêtements et du maquillage. Un jour, elle m’a dit que je devais travailler pour elle, en vendant mon corps à ses clients. J’avais 16 ans, et j’ai obéi. »
Après des années de prostitution et la violence de trop de la part d’un client, elle décide de tout quitter.
« Ma maîtresse a ouvert la porte et m’a jetée dans l’escalier : ‘Tu n’as plus rien à faire ici’, m’a-t-elle dit. »
Elle tombe alors dans l’alcool, la drogue, et la dépendance aux hommes violents. Puis, remplie de colère, Elise termine dans un centre de réadaptation.
« Tout le monde souriait. Au début, je me disais que j’avais définitivement atterri dans un asile de fous. Les sourires étaient provocateurs. Au bout d’un moment, j’ai même pensé que derrière ces sourires, il y avait certainement des produits chimiques fantastiques et j’ai commencé à demander quelles ‘pilules’ ils prenaient. »
Il n’était pour eux pas question de pilules mais de foi.
« J’ai eu la sensation physique de prendre une douche, mais sous une pluie de lumière et de paix. Jésus était le seul qui pouvait me guérir, j’étais un cas humain impossible. C’est à ce moment-là que je suis née. Il y a 25 ans, Jésus m’a donné la vie et j’ai appris à marcher dans son amour. »
Un peu plus tard, quand un chrétien lui parle de pardon, la colère revient. Mais un long processus lui permettra de pardonner à chacun de ceux qui lui ont fait du mal.
« Une nouvelle fois, j’ai réagi avec une profonde colère. Comment pouvait-il s’attendre à ce que je pardonne le mal que tant de gens m’avaient fait ? »
Elise raconte qu’il a fallu lui expliquer longuement qu’elle ne pourra jamais guérir complètement si elle ne pardonnait pas.
«Ce fut un processus long et douloureux, passé en prière dans la chapelle. Nom après nom : J’ai finalement réussi à pardonner à ma mère, qui ne m’a ni aimée ni défendue. J’ai compris qu’elle n’en était pas capable, et qu’elle aussi, était une victime. »
Désormais, et depuis plus de 20 ans, elle travaille au plus près des prostituées.
« La première fois que je suis sortie le soir, dans la célèbre rue des prostituées de Stockholm, Malmskillnadsgatan, j’ai revu mon passé et j’ai réalisé que c’était l’endroit où je devais œuvrer. Quand je parviens à sortir une fille de la rue, c’est la plus belle récompense, mais ma présence est plus pour offrir une consolation et donner du courage. Leur faire savoir qu’il y a quelqu’un qui les aiment et qu’elles ne sont pas seules. Elles m’appellent ‘maman’. »
Son ministère vient d’être félicité par le Pape, qui salue « son travail merveilleux ».
M.C.