« Des rapports indiquent que les talibans continuent de persécuter les minorités religieuses et de punir les habitants des zones sous leur contrôle conformément à leur interprétation extrême de la loi islamique. »
S’exprimant lors d’une conférence de presse à l’occasion du dernier rapport annuel de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, la présidente de l’organisation, Nadine Maenza, a déploré la « spirale descendante immédiate et désastreuse » dans laquelle sont tombées les conditions de la liberté religieuse en Afghanistan depuis le retrait des troupes américaines.
« Les conditions religieuses là-bas sont entrées dans une spirale descendante immédiate et désastreuse après le retrait américain en août 2021 et la prise de contrôle immédiate par les talibans. Alors que nous étions depuis longtemps préoccupés par les conditions en Afghanistan, le retour des talibans au pouvoir a eu un effet dissuasif sur la liberté religieuse et l’environnement plus large des droits de l’homme. »
C’est « compte tenu de ce déclin précipité en 2021 » que l’USCIRF préconise de placer l’Afghanistan sous le régime des talibans sur la liste des pays particulièrement préoccupants. En novembre dernier, les talibans avaient déjà été reconnus comme entité particulièrement préoccupante.
Selon le rapport, « les Afghans qui n’adhèrent pas à l’interprétation dure et stricte des talibans l’islam sunnite et les adeptes d’autres religions ou croyances courent un grave danger », et ce malgre les annonces de réforme de « certains éléments » de l’idéologie des talibans.
« Des rapports indiquent que les talibans continuent de persécuter les minorités religieuses et de punir les habitants des zones sous leur contrôle conformément à leur interprétation extrême de la loi islamique. L’USCIRF a reçu des informations crédibles selon lesquelles des minorités religieuses, y compris des non-croyants et des musulmans aux croyances différentes des talibans, ont été harcelées et leurs lieux de culte profanés. À la fin de l’année, le seul juif connu et la plupart des hindous et des sikhs avaient fui le pays. Les chrétiens convertis, les baha’is et les musulmans ahmadiyya ont pratiqué leur foi dans la clandestinité par crainte de représailles et de menaces de la part des talibans et séparément de l’État islamique de la province du Khorasan (ISIS-K). »
Parmi les conséquences pour les minorités religieuses, parmi lesquelles les chrétiens, l’USCIRF évoque les menaces de mort pour apostasie, l’ostracisme et la menace de crimes d’honneur.
« Les Afghans qui se sont convertis au christianisme à partir de l’islam au cours des 20 dernières années sont considérés comme des ‘apostats’, un crime passible de la peine de mort selon l’interprétation stricte de l’islam par les talibans. Les convertis, qui ont déjà fait face à l’ostracisme et à la menace de crimes d’honneur par des membres de la famille et du village, courent un risque accru à la suite de la prise de pouvoir des talibans. L’USCIRF a reçu des informations selon lesquelles les talibans ont fait du porte-à-porte à la recherche de chrétiens convertis. Des chrétiens ont reçu des appels téléphoniques menaçants et un dirigeant d’un réseau d’églises de maison a reçu une lettre de menaces en août de la part de militants talibans. Certains chrétiens ont éteint leurs téléphones et se sont déplacés vers des endroits non divulgués. »
L’USCIRF précise également que si 120 000 Afghans ont pu fuir leur pays lors de la prise de pouvoir des talibans, certains ont été envoyés dans des pays où ils courent encore des risques, comme la Turquie, le Pakistan ou l’Iran.
M.C.