La honte secrète de l’avortement dans l’église

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Lorsque Jackie envoya un email à son église au sujet du groupe de restauration après un avortement, elle utilisa un pseudonyme et créa une nouvelle adresse mail pour cacher sa véritable identité.

A ce jour, 11 ans après son avortement, et après avoir partagé son histoire avec des dizaines de femmes, Jackie m’a demandée de ne pas utiliser son vrai nom pour raconter son histoire. Elle n’a toujours pas dit à sa fille qu’elle avait pratiqué un avortement.

Selon elle c’est « un secret honteux ».

Il est difficile de discuter de l’avortement avec les personnes l’ayant pratiqué. Les activistes pro-choix et pro-avortement, attribuent cela à des anciens schémas de nos sociétés selon lesquels l’avortement serait incorrect et quelque chose de mal. Ils essayent d’enlever cette honte en défendant l’avortement, en disant que les bébés à naître ne sont pas des vraies personnes et que l’avortement est une opportunité.

Cependant dans l’église nous faisons face au défi de respecter le caractère sacré de la vie tout en prenant soin des femmes qui sont envahies et écrasées par la honte d’avoir avorté. Notre réponse n’est pas de nier le péché et la mort qui sont inhérents à l’avortement. Nous mettons plutôt l’accent sur la guérison qui peut être trouvée dans la communion fraternelle, autour de Jésus qui nous a tous rachetés du péché.

Le Guttmacher Institue affirme que 200 000 avortements seraient chaque année pratiqués par des chrétiens. Les ministères travaillant auprès de ces personnes s’accordent pour dire que la majorité de ces femmes ne révèleront jamais leur secret. Au cours de dizaines d’interviews avec des femmes ayant avorté j’ai entendu chacune me dire à quel point elles regrettaient ce geste. Profondément traumatisées émotionnellement et spirituellement ces femmes demeurent liées par la peur et la culpabilité jusqu’à ce qu’elles trouvent un endroit pour parler et commencer un chemin de restauration.

Jackie, qui après des années de silence se décida à partager dans un groupe de restauration, assimile le silence des femmes sur leurs avortements à une écharde dans la chair.

« Jusqu’à ce que vous en parliez », dit -elle, « la guérison ne peut pas vraiment commencer. Cela continue juste à couver ».

Les responsables des ministères oeuvrant auprès des femmes ayant avorté disent que les églises ne sont pas prêtes à faire face à ce sujet. Rutledge raconte qu’après avoir donné son témoignage dans une mégachurch, les femmes furent très agressives à son égard. Après qu’elle ait demandé si un groupe de partage pouvait se mettre en place sur ce sujet les leaders lui dirent :

« Aucune des femmes de l’église n’a eu recours à l’avortement et même si elles l’ont fait elles ne veulent certainement pas en parler. »

Ces réticences sont infondées devant le besoin désespéré de ces femmes après leur avortement. Kruezer raconte avoir souffert pendant 15 ans de peur, d’anxiété et de cauchemars jusqu’à ce qu’elle puisse parler et recevoir la prière.

« Elles ont prié pour moi et au travers d’elles j’ai expérimenté la miséricorde de Dieu. Le silence est une arme puissante de l’ennemi. C’est dans le silence que l’église demeure cachée et que les mensonges prospèrent... des mensonges qui justifient que l’on tue des enfants à naître, des mensonges qui disent que les avortements ne blessent pas les gens. »

Un jour, dans son église, Jackie entendit le témoignage d’une femme qui avait avorté 4 fois. Cette femme ressemblait aujourd’hui à n’importe quelle autre femme et dirigeait un important ministère auprès des femmes ayant avorté. Cela libéra quelque chose en elle.

Jackie avait avorté 9 ans plus tôt. Après son divorce, désespéré, elle se retrouva enceinte après l’histoire d’une nuit et elle s’en trouva terrifiée.

« Je me suis retrouvée dans cet endroit sombre et dévasté. Je ne peux même pas croire que je fus cette personne terrifiée jusqu’à la mort. J’ai grandi dans une famille dans laquelle personne n’avait eu d’enfant en dehors des liens du mariage. Je n’arrivais pas à m’imaginer pouvoir leur dire que j’étais enceinte. »

Un an après son avortement Jackie s’est rapprochée du Seigneur mais elle garda le silence sur cela pendant des années. Après avoir entendu ce témoignage dans son église elle trouva la force de rejoindre un groupe et de parler de cela :

« Je ne sais pas pourquoi mais une partie de la guérison vient simplement du fait de pouvoir en parler et de se sentir en sécurité pour le faire. »

Nous ne pouvons pas effacer le péché mais nos églises doivent être des endroits dans lesquels ces choses puissent se partager sans jugement et en sécurité. Nous ne pouvons ignorer celles qui vivent avec ces souffrances et devons leur partager que le sang de Jésus couvre tous les péchés, même les leurs.

Julie Roys

Source : Christianity Today


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