
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau va demander une sécurisation des lieux de culte juifs, a-t-il annoncé mardi, trois jours après l'agression violente du rabbin d'Orléans (ville au sud de Paris).
"Aujourd'hui, dès ce soir, partira un télégramme à tous les préfets de France pour qu'ils puissent prendre l'attache de ces communautés" afin de "prendre les mesures nécessaires pour sécuriser les lieux de culte et autres", a affirmé le ministre lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale (chambre basse du Parlement).
M. Retailleau a indiqué avoir appelé le rabbin d'Orléans, tout comme le Premier ministre français François Bayrou, "pour lui dire notre soutien" et "la solidarité de toute la nation française".
"L'antisémitisme est massivement de retour", a-t-il ajouté, accusant une nouvelle fois "l'islamisme politique" mais aussi "l'antisémitisme de l'extrême gauche", qui "sous le prétexte de l'antisionisme, instrumentalisent la cause palestinienne".
À Orléans, le rabbin Arié Engelberg rentrait chez lui, avec son fils de neuf ans, quand il a été agressé.
Quelque 1.300 personnes, des responsables religieux, des élus locaux, mais aussi beaucoup d'anonymes, se sont rassemblés mardi en fin de journée devant la synagogue, située en plein cœur de la ville et derrière la cathédrale, avant de marcher dans le silence, selon la police.
Le président de la communauté israélite de la ville, André Druon, a estimé que la question n'était pas de savoir si un acte antisémite allait se produire mais "quand cela allait arriver", en dépit d'une "bonne entente" entre communautés à Orléans, pointant la responsabilité de "certains médias et de certains politiques".
"Je suis très attristée", a aussi déclaré Mélanie, 44 ans, qui a décidé de se rendre à la marche "pour que tout le monde sache qu'il ne faut pas laisser passer des choses comme ça. Ça rappelle de très mauvais souvenirs", a-t-elle ajouté.
Le mineur interpellé samedi après l'agression du rabbin sera jugé le 23 avril devant un tribunal pour enfants, a-t-on appris lundi auprès de son avocat et du parquet général.
C'est "un mineur isolé, arrivé en France depuis moins d'un an" sans avoir une formation particulière, a précisé son avocat Me Nicolas Bouteillan à l'AFP.
Son client a déclaré lors de sa garde à vue "être âgé de 16 ans et être de nationalité palestinienne", selon un communiqué de la procureure Emmanuelle Bochenek-Puren.
Confronté aux termes de la plainte déposée et aux témoignages recueillis, "il nie être à l'origine de l'altercation et soutient s'être défendu", a indiqué la magistrate.
Lors de l'agression samedi, le mineur a abordé le rabbin Arié Engelberg accompagné de son fils "en se filmant, le questionnant sur sa religion (...) tout en proférant des injures à caractère antisémite et en crachant en leur direction".
M. Engelberg a aussi raconté que son agresseur lui a demandé s'il était juif: "J'ai répondu oui" et "il a commencé à dire 'tous les Juifs sont des fils de...'".
Le jeune homme est "impliqué dans trois procédures judiciaires, conduites entre octobre 2024 et décembre 2024, pour des faits de trafics de stupéfiants et de violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique à Marseille, et de vol aggravé" à Orléans, a aussi précisé le communiqué.
En 2024, un total de 1.570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l'Intérieur.
La Rédaction (avec AFP)