La France en passe d’adopter l’allongement à 14 semaines du délai de l’IVG

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Une dernière réforme de société avant les présidentielles: le Parlement français devrait adopter mercredi l’allongement à 14 semaines du délai de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), contre 12 semaines jusqu’ici et dans la majorité des pays européens.

La proposition de loi, transpartisane et qui vise à répondre à un manque de praticiens et à la fermeture progressive de centres IVG, sera soumise dans l’après-midi à un ultime vote de l’Assemblée nationale, au bout d’un long parcours parlementaire entamé en octobre 2020.

Présenté par l’ex-députée LREM (majorité présidentielle) Albane Gaillot, devenue écologiste, le texte a été poussé par le président des députés LREM Christophe Castaner.

Rien n’était acquis et ce choix a pu être présenté comme une rare marque d’indépendance du groupe LREM vis-à-vis du président Emmanuel Macron, qui a plusieurs fois exprimé ses réticences sur le sujet.

La proposition de loi prévoit en outre d’étendre la pratique de l’IVG instrumentale aux sages-femmes.

Initialement, le texte prévoyait de supprimer la « clause de conscience spécifique » permettant à des médecins de refuser de pratiquer un avortement. Mais cette évolution a été rayée pour permettre à la proposition de loi d’avancer dans son parcours parlementaire.

Le ministre de la Santé, favorable à titre personnel à l’allongement du délai de l’IVG, en avait fait un préalable.

Un « traumatisme » pour les femmes selon le chef de l’Etat

Les prises de position sans équivoque du chef de l’Etat ont longtemps laissé peu d’espoir à cette réforme d’aboutir. Dans un entretien avec le magazine Elle publié le 2 juillet dernier, Emmanuel Macron avait en effet déclaré ne pas être favorable à l’allongement du délai de l’avortement de 12 à 14 semaines.

M. Macron avait encore estimé à son retour d’une visite au pape cet automne que « des délais supplémentaires ne sont pas neutres sur le traumatisme d’une femme ». Il avait ajouté cependant « respect(er) la liberté des parlementaires ».

C’est finalement le chef des députés de la majorité Christophe Castaner qui a décidé de renverser la table, en reprenant la proposition de loi au compte de son mouvement, qui rassemble des personnalités issues de la droite comme de la gauche.

Et ce, avant que le gouvernement ne fasse le dernier pas en l’inscrivant aussi à l’ordre du jour du Sénat.

La proposition de loi hérisse les militants pro-vie de l’Alliance Vita et une partie de la droite, qui a donné de la voix au Sénat et à l’Assemblée nationale et s’est essayée à l’obstruction parlementaire.

Plusieurs milliers de personnes ( 20.000 selon les organisateurs, 4.500 selon la police) avaient défilé en janvier à Paris pour protester contre cette proposition de loi lors de la « Marche pour la Vie ».

L’AFP rapporte toutefois que sondage après sondage, les Français continuent à être très majoritairement en faveur de ce droit à l’IVG remis en cause ailleurs en Europe, notamment à l’Est. En France, aucun candidat à la présidentielle n’a prévu d’y toucher.

La rédaction (avec l’AFP)

Crédit image : Shutterstock / Jo Bouroch

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