La crèche de Noël, elle fait beaucoup parler d’elle en ce moment... mais au fait d’où vient-elle ?

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Aujourd’hui cette tradition, qui semblait pourtant tout aussi évidente que le père Noël ou le sapin, est largement remise en cause, car elle serait irrespectueuse de la laïcité.

Il y a seulement quelques années en France, on n’imaginait pas de Noël sans crèche. C’était vrai pour les croyants, les « non pratiquants », les athées, les agnostiques… Les enfants rêvaient devant ces merveilleux personnages, et parents et grands-parents étaient très heureux d’amener leurs bambins dans l’église ou le magasin (!)… où ils avaient repéré la plus belle crèche.

Mais en fait d’où nous vient-elle ?

Dès le IIIè siècle, il est fait mention de chrétiens qui « vénèrent » une crèche dans une étable de Bethléem. L’évangéliste Luc parle de la crèche où l’enfant Jésus est couché (Luc 2/6-7). C’est en fait la mangeoire des animaux, probablement creusée dans la pierre d’une étable troglodyte classique en Israël à cette époque. Les bergers (Luc 2/8-16), et les mages (Matthieu 2/1-12) sont présents. Ces savants venus d’Orient (Perse) sont guidés par une étoile vers la maison où se trouve l’enfant-roi. L’évangéliste Matthieu parle de « maison ». Il est aussi possible que Marie, Joseph et l’enfant aient été « logés » dans une pièce troglodyte située à l’arrière d’une maison et creusée dans la roche, pièce qui pouvait servir d’abri à des hommes ou à des animaux. Mais il faut attendre le VIè siècle et l’évangile apocryphe du pseudo-Matthieu pour y trouver l’âne et le bœuf.

Le théâtre, très développé au Moyen Age, mimait toutes sortes de scènes. Le religieux se mêlait au profane, et le résultat laissait souvent à désirer. L’Eglise Catholique a cherché à redonner un sens religieux à la saynète populaire de la Crèche. Les mages, devenus rois dans l’imaginaire populaire, sont maintenant trois, comme les cadeaux, or, myrrhe et encens apportés en hommage à l’enfant Jésus. Et au IXè siècle ils ont pris des noms : Melchior, Gaspard et Balthasar. Plus tard on affirme même que ce dernier est noir. Des artistes mettent la scène en peinture.

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Les crèches telles que nous les connaissons, font leur apparition au XVIè siécle. Parmi les plus anciennes, on cite celles réalisées par les Jésuites dans les églises de Prague en 1562. Entre le XVè et le XIXè siècles, les traditions se mettent en place en Italie puis en Provence. La taille des personnages varie de la grandeur nature à la miniature. Dans la crèche napolitaine, ils participent à un banquet. La crèche provençale est plus sobre et met en scène des villageois, berger, meunier, marchande de poissons…qui viennent rendre hommage à l’enfant et lui apporter un petit cadeau. Ce sont les santons, petits personnages d’argile cuite et peinte. Aujourd’hui ils portent en général les costumes provençaux du XIXè siècle.

La crèche de saint François d’Assise

Une mention particulière pour cette crèche. François avait rêvé d’être troubadour avant de parcourir les routes pour annoncer la Bonne Nouvelle. Beaucoup pensent que sa mère était provençale. La tradition franciscaine rapporte que lors d’un hiver rude, François a l’idée de célébrer Noël en rassemblant toute une crèche vivante. Les paysans d’Ombrie sont éblouis par la beauté de cette célébration toute simple dans une grotte dans la montagne. C’était à Greccio en 1223.

«François n’était ni théologien ni philosophe. C’était, dit Chesterton, un poète dont la vie entière était un poème. Il fut le poète de l’humanité de Dieu, et en même temps celui de la fraternité humaine. Ce fut le sens de ce Noël qu’il célébra à Greccio. Là, dans le rude hiver des hommes et de la nature, en communiant avec les gens les plus simples et avec les animaux eux-mêmes, il « réinventa » dans une création poétique, la tendresse de Dieu, comme aucun théologien ne l’eût jamais fait. Et les hommes, en écoutant ce chant de Noël, découvraient un monde nouveau dans lequel le « Dieu de majesté devenu notre frère » se laissait désormais rencontrer dans la relation fraternelle (1).

Qu’en est-il aujourd’hui en 2015 ?

Cette tradition de la crèche, vieille de presque deux millénaires, serait-elle donc choquante, ou pire, dangereuse ? Faudrait-il alors par la même occasion éliminer le Père Noël, Saint Nicolas, les marchés de Noël, la galette des rois, les crêpes de la Chandeleur, les œufs de Pâques et que sais-je encore ?

Si nos grands-parents, ou nos arrières grand-parents, chrétiens ou pas, revenaient nous rendre visite aujourd’hui, ils seraient complètement abasourdis de cette remise en cause générale de ce qu’on pouvait appeler nos traditions. Elles étaient de différentes origines géographiques, et souvent mêlées de piété populaire, appelée aussi la foi des pauvres et des petits, mais ne semblaient jusqu’à présent ni irrespectueuses ni dangereuses.

Alors que se passe-t-il aujourd’hui chez nous, pour que les maires de nos communes demandent une loi spéciale concernant ces petits personnages d’argile cuite ??

Pour ma part je vais bientôt installer chez moi la vieille crèche familiale de santons de Provence que j’ai héritée de mes parents.

A votre réflexion….

Elisabeth DUGAS

Sur le même sujet: Laïcité : Quand les crèches de Noël inquiètent l’Association des Maires de France

Bibliographie :

(1) François d’Assise, le retour à l’évangile / Eloi LECLERC ; © Desclée de Brouwer 1981, p 206

Les traditions de Noël, Alain et Estelle Barbet /Textes et images © 1997-2003

La crèche: une tradition nourrie par l`imagination populaire / Sarah SCHOLL ; Le Courrier : l’essentiel autrement ; Samedi 21 Décembre 2002

Une histoire pour la crèche de Noël / Pierre Péladeau.

La harpe de saint François / Félix Timmermans ; © Bloud et Gay ; 1933


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