Jordanie : Un écrivain chrétien assassiné pour un dessin « insultant l’Islam »

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L’écrivain chrétien Nahed Hattar a été abattu dimanche 25 septembre par un homme armé, alors qu’il se rendait au palais de justice d’Amman pour son procès. Nahed avait été accusé d’outrage à la religion, après avoir partagé sur les réseaux sociaux une caricature considérée comme une « insulte de l’Islam ».

Nahed Hattar, un chrétien et activiste anti-islamiste, avait été arrêté le mois dernier après le partage sur les réseaux sociaux d’une caricature représentant dans le ciel, un homme barbu entouré de femmes, fumant et demandant à Dieu de lui apporter du vin et de débarrasser la table.

Beaucoup de musulmans conservateurs jordaniens avaient alors jugé le dessin profondément offensant. Nahed avait été inculpé pour « outrage à la religion ». La plus haute autorité religieuse du pays avait vivement critiqué Nahed, estimant qu’il pratiquait «l’insulte envers l’entité divine, l’Islam et les symboles religieux ».

Nahed avait demandé pardon, déclarant ne pas avoir comme objectif d’insulter Dieu.

C’est en se rendant à son procès que Nahed a été atteint mortellement par 3 coups de feu, dont deux alors qu’il était déjà à terre. L’agresseur, diplômé en génie civil, a été rapidement arrêté par les autorités. Selon les témoins, le tireur était vêtu d’une traditionnelle dishashada, tenue portée par les salafistes sunnites ultra-conservateurs, pratiquant un Islam fondamental et luttant contre l’occident.

Les assassinats politiques sont rares en Jordanie. Ce pays est considéré comme un état stable par la communauté internationale. Il est soutenu par les USA, ce qui le distingue de ses voisins irakiens et syriens.

Le puissant groupe militant du Hezbollah chiite libanais a déclaré « pleurer » l’écrivain, qu’ils considéraient comme une « voix courageuse contre le Takfiris », terme péjoratif utilisé pour décrire la ligne dure des fondamentalistes sunnites tels que l’État Islamique.

Si de nombreux jordaniens considèrent qu’Hattar avait franchi une ligne rouge avec cette caricature, certains de ses partisans estiment aujourd’hui que son arrestation était une violation de la liberté d’expression, et dénoncent le manque d’engagement des autorités jordaniennes pour favoriser la liberté d’expression.

Le porte parole du gouvernement jordanien Mohammad Momani a déclaré avec autorité :

« La loi sera strictement appliquée sur le coupable qui a fait cet acte criminel, et va frapper avec une main de fer tous ceux qui tentent de nuire à l’état de droit. »

La rédaction

Source : Reuters


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