« J’ai passé un accord avec Dieu » : Enlevée par Boko Haram une lycéenne chrétienne raconte sa fuite
« Si je saute et que je me blesse ou que je meurs, au moins mes parents me trouveront ici ou mon cadavre et m’enterreront en sachant que je suis morte, plutôt que d’aller avec ces gens et de ne jamais être vu jamais. »
Joy Bishara faisait partie des lycéennes enlevées à Chibok le 14 avril 2014 par Boko Haram. Mardi, alors qu’International Christian Concern tenait une conférence de presse pour annoncer les tragiques Prix des Persécuteurs de l’année, Joy a raconté comment elle s’est échappée en faisant un « accord avec Dieu ».
Sept ans après, Joy se souvient des bruits de coups de feu et du sol qui tremble. Puis elle évoque l’arrivée de celui qu’elle pense être un soldat, puisqu’il en a la tenue. Soldat, qui n’est d’autre qu’un militant de Boko Haram.
« Ils ont commencé à tirer sur nous et à nous faire peur et à dire qu’ils nous tueraient et que personne ne ferait rien à ce sujet. Malheureusement, c’est vrai, personne ne fait jamais rien à ce sujet. »
Les assaillants mettent le feu aux classes. Alors que l’incendie se répand, ils rassemblent toutes les lycéennes et leur ordonnent de monter dans les camions, si elles veulent avoir la vie sauve.
La vie sauve, c’est ce que veut Joy. Elle pense alors à sa mère et ses frères et s’inquiète de savoir s’ils sont en sécurité. Joy prie pour leur protection.
Dans le camion qui l’éloigne de son école embrasée, Joy passe « un accord avec Dieu ».
« S’il te plaît, permets-moi de revoir ma famille et je promets de te suivre pour le reste de ma vie. »
Cinq minutes plus tard, le cortège des véhicules de Boko Haram s’arrête. L’un de leurs véhicules est en panne. Trop loin d’une ville pour voler un autre véhicule, les militants décident de le réparer.
« Pendant que j’étais dans le camion, j’ai entendu une voix dire ‘saute’, puis j’ai baissé les yeux et c’était effrayant bien sûr. [...] J’ai fini par conclure que même si je saute et que je me blesse ou que je meurs, au moins mes parents me trouveront ici ou mon cadavre et m’enterreront en sachant que je suis morte, plutôt que d’aller avec ces gens et de ne jamais être vu jamais. »
Joy explique alors qu’elle ne veut pas laisser sa mère dans l’angoisse de ne pas savoir où est sa fille.
« Ce serait une torture pour elle, alors j’ai décidé de sauter et de mourir. »
Joy saute du camion, s’effondre au sol, réalise qu’elle est vivante, et court, jusqu’au bout de la nuit. Elle sera ensuite secourue par un agriculteur qui la ramènera à Chibok.
Joy a pu terminer ses études aux États-Unis. En 2017, elle avait rencontré celui qui était alors président des États-Unis, Donald Trump, qui avait ensuite salué son histoire inspirante « de courage, de résilience et de survie ».
M.C.