Israël / Palestine : À Haïfa, la coexistence pacifique « dissoute en un instant »

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Haïfa, ville la plus peuplée d’Israël après Jérusalem et Tel Aviv, est également une ville « mixte » où Juifs et Arabes ont longtemps vécus en paix. Le prêtre carmélite Mikhael Abdo témoigne de l’explosion de haine sectaire qui se manifeste depuis le début des affrontements entre Israël et la Palestine. 

Il y a encore deux ans, les chrétiens venaient par milliers à Haïfa, ville au bord de la mer en Terre Sainte pour assister à une procession en l’honneur de Notre-Dame du Mont Carmel. Un rassemblement chrétien populaire qui témoignait du caractère « mixte » de la ville où Juifs et Arabes ont longtemps vécu une coexistence pacifique.

Une paix finalement fragile qui a volé en éclat dès le début des affrontements entre Israël et la Palestine. Mikhael Abdo, prêtre carmélite et directeur national des Œuvres Pontificales Missionnaires de Terre Sainte, présent sur place, s’est confié à l’Agence Fides sur les violences et agressions quotidiennes dont il est témoin.

« Il y a des manifestations quotidiennes, des affrontements, des agressions contre des magasins et des maisons, des jets de pierres contre des voitures. »

Le prêtre rapporte que « la tension monte à la tombée de la nuit », c’est là que « de jeunes Arabes et des groupes de Juifs venus eux aussi de l’extérieur » s’affrontent. Mikhael Abdo, qui était déjà à Haïfa à l’époque de la deuxième et de la troisième Intifada raconte qu’il n’a jamais « rien vu de tel » dans la ville. « En peu de temps, ils ont réussi à rouvrir des blessures qui n’ont jamais été guéries » regrette le religieux qui ajoute que la « haine explose ».

Le père Abdo affirme que l’un des facteur qui a participé à l’explosion de cette haine sectaire est le langage politique de certains groupes qui désignent les Arabes d’Israël comme des « terroristes ». Si il ne veut en aucun cas « justifier le mal et la violence », le prêtre estime néanmoins que « le langage lié à la radicalisation droite de la scène politique israélienne a contribué à briser la normalité de la coexistence pacifique qui semblait avoir prévalu ces dernières années ». Pour le religieux, cette situation vient confirmer le fait que « la question palestinienne ne peut-être dissimulée et supprimée ».

Une réconciliation qui semble inconcevable 

Il évoque un « noeud non résolu » entre les peuples du Moyen-Orient qui tôt ou tard vient « tourmenter la coexistence pacifique » et estime qu’après ce qu’il s’est passé ces derniers jours, « la possibilité de voir les partis arabes israéliens impliqués dans la création d’un gouvernement qui mettra fin au sectarisme et aux lacérations s’éloigne ».  « Aujourd’hui, il serait même inutile et irréaliste d’appeler les chefs des différentes communautés religieuses pour essayer de lancer ensemble des processus de réconciliation » affirme le carmélite qui ajoute, « c’est à nouveau le temps de la méfiance, du soupçon et de la lacération ».

Alors que beaucoup de fidèles se sont retirés chez eux, apeurés par les affrontements, ce qui a incité la paroisse à supprimer les célébrations liturgiques du soir, le prêtre explique que la population souhaite vivre en paix et se sent menacée.

Depuis le début du conflit, les affrontements ont fait 12 morts du côté israélien et 217 du côté palestinien rapporte France 24. Face à cette spirale de violence, la France, a proposé mardi soir, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, une résolution appelant à un cessez-le-feu.

Camille Westphal Perrier


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