Israël : à la frontière avec le Liban, un village chrétien s'adapte au conflit

Israël  à la frontière avec le Liban, un village chrétien s'adapte au conflit

Des enfants sortent de classe en courant pour monter à bord des voitures de leurs parents: la scène pourrait sembler anodine, si cette école de Jish, un village israélien à la frontière avec le Liban, n'était un abri antiaérien.

Depuis le 7 octobre, un quotidien teinté par la guerre s'est installé dans cette localité à majorité chrétienne du nord d'Israël, à la frontière avec le Liban. Cette région est en proie à des affrontements quotidiens entre l'armée israélienne et des groupes armés dans le sud du Liban, dont le Hezbollah chiite, allié du mouvement islamiste palestinien du Hamas.

Les attaques du Hezbollah ont depuis tué quinze personnes, dont six civils, selon les autorités. Israël réplique en bombardant des villages frontaliers, et plus de 190 personnes sont mortes au Liban, dont au moins 141 combattants du Hezbollah, fortement implanté dans le sud du pays, selon un décompte de l'AFP à partir des chiffres officiels. La zone frontalière a été grandement vidée de ses habitants, mais Jish se situe juste derrière la ligne fixée par les autorités.

"Nous n'irons nulle part", "les habitants ne vont pas quitter leurs villes parce que le Hezbollah a décidé d'attaquer Israël ou d'attaquer nos villes dans le nord d'Israël", dit un habitant, Shadi Khalloul, 48 ans. Ils se sont installés dans un quotidien de guerre, rythmé par le bourdonnement des drones, le hurlement des sirènes d'alerte et les tirs d'artillerie depuis la frontière, à cinq kilomètres.

À Noël, une roquette a atteint une église à quelques kilomètres de Jish. Les écoles étant fermées, l'enseignement se fait en ligne ou dans les quelques abris publics, des sortes de bunkers, dont la taille le permet.

"Suivre les cours dans cet abri est vraiment très difficile pour les enfants", relève Margaret Ashur, 75 ans, en attendant que son petit-fils sorte de classe.

La peur d'incursions

La majorité des chrétiens de Jish, ville d'environ 3.000 habitants, sont maronites, ces catholiques d'Orient surtout installés au Liban mais dont quelques milliers vivent en Israël.

"Tout est affecté", dit M. Khalloul, qui milite pour la reconnaissance de la minorité maronite en Israël et promeut l'enseignement de l'araméen, la langue de Jésus. M. Khalloul relève que les hameaux autour du village accroché à une colline couverte d'oliviers, se sont vidés, avec un impact sur les commerces, les ateliers de Jish qui ne peuvent plus fonctionner.

Les rassemblements sont interdits, même si l'église principale, plus grand bâtiment du village, reste ouverte.

"Depuis le début de la guerre, nous avons cessé de prier dans la grande église", dit le père Sandy Habib. Les messes sont dites dans une salle de réunion en sous-sol. A l'instar de M. Khalloul, beaucoup de maronites du village descendent de Palestiniens forcés de quitter leurs petits hameaux autour de Jish au moment de la création de l'Etat d'Israël en 1948. Mais M. Khalloul, qui a servi dans l'armée israélienne, encourage les jeunes maronites à s'engager aussi.

À ses yeux, c'est toute la région qui est menacée par les mouvements islamistes. "Nous avons vu ce qu'a fait le Hamas" dans le sud d'Israël, "et ce sont des alliés de l'Iran", comme le Hezbollah, relève M. Khalloul.

"À la frontière, plane la crainte d'une incursion des unités d'élites du Hezbollah contre nous, comme cela a été le cas contre les Juifs dans le sud", dit-il. Inédites depuis la création d'Israël, les attaques du Hamas lancées depuis la bande de Gaza ont entraîné la mort de quelque 1.140 personnes, majoritairement des civils, dans le sud du pays, selon un décompte de l'AFP à partir des chiffres israéliens.

La guerre engagée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a tué 24.762 personnes, en majorité des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Sante du Hamas.

La Rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shtterstock/ MoLarjung

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