Il y a deux mois, Ismail, 15 ans et sa maman Jandark, 55 ans ont fui Mossoul après 2 années de terreur sous l’emprise de Daech. Aujourd’hui réfugié à Erbil, dans la région du kurdistan irakien, le jeune Ismail fait le récit de ces douloureux événements au personnel de l’Aide à l’Eglise en Détresse.
Autrefois, Ismail et sa maman vivaient à Bartella, village chrétien de la plaine de Ninive. Quand Daech a pris le contrôle de la ville en août 2014, ils ont tenté sans succès de fuir. Ils ont été capturés et conduits de force à Mossoul. Une fois libérés de ce premier épisode de captivité, on les a autorisés à rejoindre Bartella. Sur la route du retour, ils ont été soumis à un contrôle, au cours duquel les djihadistes ont exigé qu’ils embrassent l’Islam. Face à leurs refus, les militants les ont violemment battus, et Ismail a été mis en prison à Bartella.
“Un jour, un chiite a été abattu sous mes yeux. Les terroristes m’ont dit : ‘Si tu ne te convertis pas à l’islam, nous t’abattrons aussi’. C’est alors que je me suis converti à l’islam. Dès lors, nous avons caché que nous étions chrétiens.”
Ismail et Jandark ont ainsi obtenu un document indiquant qu’ils étaient musulmans, et leur permettant de circuler librement. Ismail témoigne :
« Oui, je suis honteux d’avoir été obligé de professer l’islam »
Ils ont vécu ainsi dans plusieurs quartiers de Mossoul puis à Bazwaya, soumis à la charia, parfois battu pour un pantalon trop long. Ils ont régulièrement été témoins des pires atrocités, comme les exécutions de prisonniers par des enfants en pleine rue, ou la lapidation publique d’une femme entravée par des liens.
Les djihadistes ont finalement envoyé Ismail dans un centre correctionnel pour qu’il y apprenne les règles de l’islam. Il était battu à chaque mauvaise réponse. Sa maman a reçu un niqab, et a été torturée avec de longues aiguilles parce qu’elle “ignorait tout de l’islam”.
« Un jour, nous avons appris que Qaraqosh, une autre ville chrétienne de la plaine de Ninive occupée par Daech, avait été libérée et que les troupes de libération avaient chassé les djihadistes hors de Bartella. Les raids aériens contre Mossoul ont commencé peu après, et beaucoup de gens se sont enfuis. Daech également a fui et, dans la hâte, ils ont même oublié quelques armes. Cependant, ils ont emmené des gens avec eux à Mossoul, y compris ma mère et moi. Pendant trois jours, nous étions à la merci d’un djihadiste. »
Grâce aux efforts conjoints des troupes pour libérer cette région de l’Irak, la mère et le fils ont finalement pu s’enfuir, éviter les tireurs embusqués et se mettre à l’abri en attendant les soldats de l’armée de libération irakienne.
“Nous étions libres !”
La rédaction