Iran : hausse du nombre de chrétiens emprisonnés
En 2024, les tribunaux iraniens ont prononcé six fois plus de peines de prison contre les chrétiens que l’année précédente, selon le rapport annuel 2025 du groupe de défense des chrétiens en Iran, Article 18. "Le gouvernement semble avoir intensifié ses efforts [...] dans le cadre d’une stratégie plus large visant à freiner sa croissance et son influence" indique le document.
L’année dernière, 96 chrétiens iraniens ont été condamnés à des peines de prison pour avoir pratiqué leur foi contre 22 en 2023, rapporte le groupe de défense de la liberté religieuse en Iran, Article 18, dans son rapport annuel 2025 intitulé “La pointe de l’iceberg”. Aussi, ces croyants ont été condamnés à 263 ans de prison, contre 43 ans l’année dernière.
Cette hausse est en partie due à "l’énorme augmentation des arrestations au cours du second semestre 2023, qui ont nécessité un traitement judiciaire" et à l'augmentation du nombre d’années des peines individuelles, souligne le rapport.
Ainsi, quatre croyants ont été condamnés à dix ans de prison chacun pour "s’être engagés dans des activités missionnaires" et "avoir mené des activités contre la sécurité nationale". Un autre converti a quant à lui été condamné à quinze ans de prison pour "atteinte à la sécurité nationale et promotion du christianisme sioniste".
Réalisé en collaboration avec Open Doors, Christian Solidarity Worldwide et Middle East Concern, le rapport attire l’attention sur les cas d’arrestations qui ne sont pas signalés par Téhéran. En effet, l’année dernière plus de trois millions de dossiers judiciaires de 2008 à 2023 ont fuité, dont ceux de 300 chrétiens. Il existe donc des cas de prisonniers qui ne sont pas mentionnés. "C'est la preuve de ce que nous disons depuis des années", a déclaré Steve Dew-Jones, directeur de l'information d'Article 18, à Morning Star News.
"Freiner" la croissance et l'influence du christianisme
Ce vendredi, le gouvernement iranien sera appelé à défendre son bilan en matière de droits de l’homme lors de l'Examen périodique universel ordonné par l'ONU. "Ils parlent de liberté de religion, du nombre d’églises ouvertes et du fait qu’il n’y a personne en prison à cause de sa foi, alors qu’en fait la réalité est exactement opposée" a souligné le directeur d'Article 18.
Classé 9e dans l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025 de l'ONG Portes Ouvertes, l'Iran est dirigé "par des religieux islamiques chiites" qui "rejettent toute influence de l'Occident, qu'elle estime lié au christianisme".
Article 18 estime que le gouvernement souhaite "freiner" la croissance et l'influence des chrétiens dans le pays.
"Le gouvernement iranien semble avoir intensifié ses efforts pour isoler et miner financièrement la communauté chrétienne dans le cadre d’une stratégie plus large visant à freiner sa croissance et son influence."
Mélanie Boukorras
