Irak : le patriarche des chaldéens retrouve son statut officiel après une brouille avec le pouvoir

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Le Premier ministre irakien a restitué son statut officiel au patriarche de l'Eglise catholique chaldéenne, a annoncé mardi l'institution religieuse, ouvrant la voie à son retour à Bagdad près d'un an après une sévère brouille avec le pouvoir.

Le cardinal Louis Raphaël Sako est une importante figure publique et un interlocuteur incontournable au sein de la minorité chrétienne, tant pour les responsables politiques irakiens que pour la communauté des diplomates.

En juillet 2023, il avait abandonné le patriarcat à Bagdad pour s'installer au Kurdistan autonome, dans le nord, en raison de tensions avec le président de la République Abdel Latif Rachid. Ce dernier venait d'annuler un ancien décret reconnaissant les fonctions officielles du patriarche.

Selon le cardinal, ce décret lui permettait d'administrer légalement les biens de sa communauté.

Mardi, l'église chaldéenne a publié sur son site internet le décret du Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani "nommant" le cardinal Sako "patriarche des Chaldéens en Irak et dans le monde".

Le décret place "sous sa responsabilité les biens de l'Eglise chaldéenne".

"Oui je rentre à Bagdad (...) je suis très heureux parce que le droit a vaincu, cela donne beaucoup d'espoir aux chrétiens et pour le respect de leurs droits", s'est félicité le cardinal, contacté par l'AFP.

Vivant à Erbil, capitale du Kurdistan autonome d'Irak, le cardinal avait effectué une seule visite publique en avril à Bagdad, pour être reçu par M. Soudani. Le Premier ministre avait salué "l'importance de sa présence et de son rôle"

. Architecte de la visite historique en Irak du pape François en 2021, le cardinal Sako s'était brouillé avec le président Rachid mais aussi avec Rayan al-Kildani, parlementaire et chef du parti chrétien Babyliyoun, dont l'aile armée fait partie de l'influent Hachd al-Chaabi, anciens paramilitaires pro-Iran enrôlés dans les forces régulières.

En quittant Bagdad, le cardinal avait aussi fustigé en filigrane une "campagne" de Rayan al-Kildani et de Babyliyoun. Dans un pays ravagé par des conflits à répétition et miné par une corruption endémique, les deux hommes s'accusent de vouloir s'accaparer des propriétés des chrétiens.

M. Kildani, visé par des sanctions américaines depuis 2019, dénonce le rôle "politique" du cardinal, qui accuse le parlementaire de chercher à monopoliser la représentation de la minorité.

Justifiant l'annulation du décret, la présidence irakienne avait assuré qu'il avait été promulgué "sans fondements constitutionnels ou juridiques", se défendant de vouloir "porter atteinte à la stature religieuse ou juridique du cardinal".

Forte de plus de 1,5 million de personnes en 2003, la communauté chrétienne s'est réduite comme peau de chagrin à quelque 400.000 âmes. Beaucoup ont fui les violences qui ont ensanglanté leur pays.

La Rédaction (avec AFP) 

Crédit image : flickr

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