Alors que la communauté chrétienne d’Inde commémore les émeutes anti-chrétiennes survenues dans l’État d’Odisha (Orissa) il y a 10 ans, les chrétiens racontent à International Christian Concern que la peur et l’injustice continuent de toucher la communauté de Kandhamal.
Le 24 août 2008, après que les chrétiens aient été accusés à tort d’avoir assassiné Lakshmanananda Saraswati, le leader de Vishwa Hindu Parishad, une organisation nationaliste hindoue d’extrême droite, des violences anti-chrétiennes ont balayé l’État d’Odisha, dans le district de Kandhamal, en Inde, qui s’appelait alors Orissa.
Après trois mois de violences le bilan était lourd. Au moins 91 chrétiens tués, souvent à l’aide des haches et des machettes, au moins trois femmes chrétiennes violés en réunion, près de 56 000 personnes déplacées, forcées de fuir dans les forêts alors que les foules incendiaient plus de 5 600 maisons, 300 églises et autres institutions chrétiennes.
10 ans après ces émeutes meurtrières, les chrétiens vivent toujours dans la peur. Priyatama Nayak est veuve. Son mari a été tué le 26 août, attaché à un arbre devant sa maison, puis brûlé vif. Elle fait encore des cauchemars et craint pour la vie de son fils.
« J’ai peur chaque fois que mon fils part seul pour faire une course [...] J’ai peur et je suis agitée jusqu’à ce qu’il revienne, parce que je pense que mon fils va être attaqué ou tué comme mon mari. »
Abasalom Anand, était pasteur à Kandhamal au moment des émeutes, il se souvient avec effroi des événements.
» Nous vivons toujours dans la terreur et ne nous sentons pas en sécurité [...] À chaque coin du marché, nous sentons que quelque chose se trame contre les chrétiens. »
William Stark, directeur régional de l’ICC s’exprime ainsi :
«Une décennie s’est écoulée depuis que les chrétiens en Inde ont connu la pire violence anti-chrétienne que leur pays n’ait jamais connue. Malgré le temps passé, beaucoup de ces victimes n’ont pas obtenu justice en raison de la discrimination et du manque de travail de la police suite aux émeutes. Dans de nombreux cas, les chrétiens chassés de chez eux par des foules en 2008 ne peuvent toujours pas retourner dans leurs villages, à moins d’accepter de se convertir à l’hindouisme. Le gouvernement indien doit faire plus pour assurer la justice pour ces victimes, et prendre de plus grandes mesures pour reconstruire les vies dévastées par les émeutes de 2008. »
La rédaction
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