À la veille de l'inauguration du temple Ram Mandir dans l'Uttar Pradesh, des drapeaux représentant des divinités hindoues ont été installés de force par des nationalistes sur le toit de plusieurs églises dans des états voisins.
Le Ram Mandir est un temple hindouiste d'Inde dédié à Ram Lalla et situé dans la ville d'Ayodhya, dans l'Uttar Pradesh. Inauguré le 22 janvier 2024, sa construction a débuté en 2020.
Ce temple, symbole de fierté et de nationalisme hindou, a été inauguré par le Premier ministre Narendra Modi. International Christian Concern (ICC) rapporte que le lieu de cule hindou a été construit sur les décombres de la mosquée Babri Masjid, datant du XVIe siècle, détruite par une foule nationaliste en colère il y a plusieurs décennies. Musulmans et chrétiens, issus des minorités religieuses, se sont ainsi vu rappeler leur statut inférieur dans la société indienne.
"Seul Dieu peut intervenir"
Aussi, à la veille de l'inauguration des drapeaux safran, représentant des divinités hindoues ont été installés par des nationalistes sur les toits de quatre églises de Jhabua, un district de l'État du Madhya Pradesh, état voisin de l'Uttar Pradesh, au centre de l'Inde. Selon les sources d'ICC, une foule de radicaux serait entrée de force dans ces églises, face aux chrétiens impuissants.
Le même jour, un incident similaire s'est produit dans un autre état, le Chhattisgarh, où un drapeau hindou a été installé sur le toit de la maison d'un pasteur. Celui-ci a été menacé par la foule qui lui a promis de violentes représailles s'il le retirait. Plus tard dans la soirée, le leader chrétien a été placé en garde à vue puis incarcéré sous de fausses accusations de troubles.
Un chrétien, qui a souhaité rester anonyme, explique qu'en Inde les minorités ressentent "une peur et une anxiété psychologiques accrues". "Aucun État de droit ne peut aider à résoudre cette situation, et de plus, il existe au plus profond de chaque chrétien un sentiment inexpliqué de sanctification et de répression à propos de ce qui se passe dans ce pays", a-t-il poursuivi, estimant que "seul Dieu peut intervenir" dans cette situation.
L'Inde est classé 11e dans l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2024 de l'ONG Portes Ouvertes. L'organisation indique que "depuis 2014, la persécution contre les chrétiens a considérablement augmenté" et qu'ils subissent "de graves violences". Aussi, pour la troisième année consécutive, la majorité des chrétiens emprisonnés au nom de leur foi, le sont en Inde. L’Index révèle que 2 332 chrétiens sont détenus dans le pays d’Asie.
Camille Westphal Perrier