"Il y a urgence" en Afrique Subsaharienne, région où le plus de chrétiens sont tués en raison de leur foi
En Afrique Subsharienne, l'ampleur de la violence islamique à l'encontre des civils, et spécifiquement des chrétiens, est alarmante. Selon le rapport 2024 de l'ONG Portes Ouvertes, un chrétien persécuté sur cinq vit en Afrique.
Depuis plus de trente ans, l'organisation Portes Ouvertes publie chaque année son Index Mondial de Persécution des Chrétiens. Le rapport 2024 publié hier, jeudi 17 janvier, fait état d'un taux de croissance de la persécution sans précédent. Il révèle que 365 millions de chrétiens sont actuellement victimes de persécution ou de discrimination dans le monde, ce qui représente un chrétien sur sept.
Parmi les points d'alerte mis en exergue par cette nouvelle édition, Portes Ouvertes tire la sonnette d'alarme en ce qui concerne la situation des chrétiens en Afrique Subsharienne. Une région où la montée du djihadisme rime avec l’augmentation de la persécution des chrétiens. L'organisation précise qu'un chrétien persécuté sur cinq vit en Afrique.
4 118 chrétiens tués au Nigeria
Raids contre des villages, attaques d'églises, viols, kidnapping et meurtres... Le rapport indique notamment que sur 4 998 chrétiens tués dans le monde, la majorité (4 118) l'ont été au Nigeria. Pour la dixième année consécutive, il s'agit du pays où les chrétiens sont assassinés à cause de leur foi.
Un chiffre en légère baisse par rapport à l'année précédente, "en raison des élections, période durant laquelle des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises", souligne Guillaume Guennec, directeur du plaidoyer qui ajoute que depuis, "les attaques ont repris de plus belle". Il précise également que leurs chiffres sont "en dessous de la réalité".
"Il y a urgence"
Selon Frans Veerman, directeur de l'équipe de recherche internationale de Portes Ouvertes "sans réponse efficace apportée à ce défi, les chrétiens seront progressivement écrasés par la pression et forcés à fuir leurs foyers et leurs villages". Il estime que si les gouvernements ne réagissent pas, des communautés chrétiennes pourraient s'éteindre.
"Les gouvernements de la région doivent engager des actions concrètes et fortes pour contrer l'influence grandissante des groupes djihadistes et pour protéger les plus vulnérables. Sans quoi, des communautés chrétiennes autrefois florissantes risquent de s'éteindre..."
Illia Djadi, expert analyste de l'ONG pour l'Afrique de l'Ouest, l'a également affirmé lors de la conférence de presse, "il y a urgence au Sahel et en Afrique en général !". Il s'est également attardé sur la situation du Burkina Faso, pays qui quelques années plus tôt, était un modèle de tolérance religieuse. En 2023, on assiste à une escalade de violence, avec au moins 31 chrétiens tués, et des dizaines d'églises détruites.
Autre pays d'Afrique mis en exergue par l'ONG, la République démocratique du Congo, notamment la région du Nord-Kivu où la situation des chrétiens est de plus en plus difficile en raison de la présence de groupes armés.
Unis contre la violence
Face à cette situation dramatique, Portes Ouvertes a rejoint une campagne de sensibilisation lancée en 2023 pour une durée de quatre ans, intitulée "Afrique, unis contre la violence". Car comme le rappelle l'ONG en introduction de son rapport annuel, "cet index n'est pas un état des lieux, c'est un préalable à l'action".
En effet, il ne s'agit pas simplement de compiler des statistiques, mais surtout de mettre en lumière la souffrance d'hommes et de femmes qui payent le prix fort pour leur foi. Il s'agit également, comme le précise Portes Ouvertes, d'alerter et d'encourager à l'action "pour participer à rendre ce monde plus juste et respectueux".
Camille Westphal Perrier