Handicap, différence, relation et bienveillance : « Ensemble, on est tellement plus forts »

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Que ce soit dans le monde du travail, à l’école, en société, la confrontation à la différence ne peut se régler avec des quotas, des obligations, des règles, des décrets et des sanctions… Il nous faut toujours privilégier la relation, la vraie rencontre, la pédagogie, le témoignage… Ainsi seulement on peut lutter contre les représentations et les stéréotypes qui enferment et génèrent même parfois plus que du rejet, de la violence.

Le handicap, comme toute différence significative, engendre des peurs archaïques qui se traduisent de mille et une façon tout autant dommageable pour celui qui se sent dans « la norme » que pour l’autre, le différent... Accepter la différence c’est bien l’enjeu primordial du vivre ensemble, c’est ce qui se joue dès la petite enfance dans l’apprentissage à la socialisation. L’enfant vient d’un homme et d’une femme qui a priori l’on conçut par amour, et c’est bien de cette différence, de cette altérité, qu’il y a engendrement.

L’enfant découvre alors que dans son petit monde, dans sa propre famille et son environnement proche, à la crèche, à l’école, à l’église, les autres sont semblables et différents à la fois : garçons ou filles, noirs ou blancs, grands ou petits, gros ou minces, aimant le sport ou la musique, joyeux ou tristes, habiles ou maladroits, en bonne santé au malades, très différents parfois, si différents !

Mais au fond la différence ne doit jamais empêcher la relation, la bienveillance, la recherche d’une complémentarité qui oblige à chercher en quoi je peux aider l’autre, et en quoi il peut aussi contribuer à mon épanouissement.

« Ensemble, on est tellement plus forts ! »

C’est une petite phrase que tous les enfants devraient apprendre non seulement à formuler, mais aussi à vivre dans la réalité du quotidien. Pas uniquement pour remporter un match ou une coupe mais simplement parce que la solitude est la pire des choses.

Malvoyante profonde de naissance, j’ai dû apprendre à accepter l’autre dans sa différence et bien plus encore lorsque ma vue a tant baissé que je ne pouvais plus du tout avoir accès au monde de l’image, à l’apparence physique des humains et des choses. Alors oui il me fallait accepter de ne pas rompre la relation avec ceux et celles qui semblaient appartenir à un autre monde, et qui me renvoyaient de fait des attitudes, des actes, des sons qui m’effrayaient. J’ai dû faire ce travail de réflexion pour ne pas stigmatiser l’autre, le « voyant », car au fond le différent responsable de mes frustrations, devenait pour moi l’autre, celui qui s’attachait au visible au dépend, pensais-je, de l’essentiel, l’invisible.

Mon cheminement avec le Christ m’a appris peu à peu à rechercher dans l’autre, les richesses cachées, issues aussi de ses propres limites, de ce qu’il a et que je n’ai pas, de ce qu’il n’a pas et que j’ai. Ainsi vraiment, on peut franchir ensemble, les handicaps de la vie et avoir accès à tous, non pas par nos propres forces ou le fait que nous soyons capables de tout.

Non. Simplement parce que Dieu a voulu que nous ayons besoin les uns des autres, et que ce besoin ne peut être comblé que par le véritable amour qui nous pousse à rejoindre l’autre pour vivre avec lui la plus belle des aventures, celle du partage, de la complémentarité dans l’être et le faire, pour que jaillisse ainsi l’espérance, comme un engendrement à la vie…


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