Yves Saint-Laurent et son smoking pour femme, Jean Paul Gaultier et sa jupe, Calvin Klein et les looks unisexe, avaient commencé à tracer la voie de l’affranchissement des codes liés aux genres féminin et masculin dans la mode.
Il semble que cette tendance autrefois marginale soit désormais déclinée par bon nombre de créateurs. Certaines études révèlent que pour celle que l’on nomme la génération Y, les 13-20 ans, l’appartenance à un genre ne soit pas autant liée qu’autrefois à l’identité. Et si pendant que nous débattons autour de la théorie du genre, une majorité d’adolescents, influencés par la mode et les stars, commençaient à lisser les frontières entre les genres.
Fashionunited titrait déjà en 2015, « Tendance, le « no gender » révolutionne la mode ». L’objectif avoué de cette tendance est simple, s’affranchir des codes, du sexe et de l’âge. Dans son article, le journaliste estime que :
« Le mouvement « no gender », qui émerge en mode aujourd’hui, s’inscrit dans une mouvance beaucoup plus globale de remise en question des normes établies... Il s’agit aussi d’évoluer vers une société plus égalitaire, moins « genrée », où l’homme et la femme seraient égaux pour de vrai. »
De nombreuses marques de luxe et leurs directeurs artistiques s’inscrivent dans la tendance « Gender Fluid ». Gucci, Givenchy, Balenciaga, et même Louis Vuitton innovent désormais dans cette tendance.
En dehors du monde de la mode, les artistes ont également joué une part importante dans l’initiation du phénomène « Gender Fluid », comme David Bowie, Boy George et Prince portant ses inoubliables talons et la couleur « Purple ». Le mouvement a maintenant des ambassadeurs de prestige chez les artistes. Kate Moss, Jaden Smith (Le fils de Will), Miley Cyrus ou encore Stromae et Christine & the Queens pour les francophones.
Miley Cyrus avait par exemple déclaré au DailyBeast,
«Je ne me sens pas lié au fait d’être une femme ou un homme.»
La chanteuse Christine & the Queens avait quant à elle déclaré pour le Time :
« J’ai toujours considéré qu’être une femme était un obstacle, j’ai donc voulu devenir neutre en termes de genre. »
Thank you @TIME magazine pic.twitter.com/yAnAJ6Ai0c
— Christine?theQueens (@QueensChristine) 7 octobre 2016
Il semble donc que l’on puisse aujourd’hui, parler de phénomène lorsqu’on évoque le « Gender fluid ». Aux États-Unis, des sociologues se sont d’ailleurs penchés sur ce phénomène qui semble être très marqué chez les adolescents. Leurs conclusions sont éloquentes.
- 56% des 13-20 ans américains connaissent quelqu’un qui utilise les pronoms neutres, “they” “them” or “ze”.
- Un tiers de cette génération estime que le genre ne définit pas la personne autant que l’on a l’habitude de le penser.
- 70 % sont en faveur de l’existence de toilettes publiques pour « genre neutre ».
Cette évolution est statistiquement significative par rapport aux résultats obtenus avec le même questionnaire proposé à un échantillon de la génération des 21-30 ans.
Le mouvement « Gender Fluid » revendique sa volonté de penser et d’évoluer en dehors du système établi et des codes.
H.L.