Fuyant Alep, l’exode des chrétiens a commencé

Fuyant Alep, l’exode des chrétiens a commencé

Depuis mercredi 27 novembre, l’offensive menée par un groupe islamiste contre l’armée syrienne a poussé de nombreux chrétiens à fuir la ville d’Alep. « Une situation inacceptable » dénonce Vincent Gelot, au nom de l’Œuvre d’Orient.

« Ils ne sont plus que 20 0000 alors qu’ils étaient 150 000 en 2011 »

C'est le cri d'alarme poussé par Vincent Gelot dans un enregistrement audio posté sur X.

Eux, ce sont les chrétiens de la ville d’Alep. Alors qu’ils tentaient de survivre depuis un accord de cessez-le-feu en 2020 entre les djihadistes et le régime de Bachar Al Assad, la violence des armes vient de nouveau s’abattre sur les quelques milliers de chrétiens encore présents dans cette ville du nord de la Syrie.

Les islamistes étaient jusqu’alors installés dans la ville d’Idleb, à 50 km d’Alep. Plusieurs familles avaient fui cette terre, devenue le quartier général du groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTS), pour vivre à Alep.

Or, depuis la prise de la ville par cette milice islamiste anti-gouvernementale, les chrétiens craignent pour leur vie et leur « exode a démarré en direction de Homs en passant par le désert de Raqqa », précise le directeur pays Liban-Syrie de l’Œuvre d’Orient.

« Cette situation est inacceptable, ce peuple a été abandonné depuis des années par la communauté internationale », dénonce-t-il. En effet, après le début de la guerre en 2011, la population syrienne continue son calvaire, notamment avec les sanctions internationales qui accablent le pays. Le tremblement de terre en février 2023 a de plus douché les espoirs de reconstruction en Syrie.

Le groupe islamiste HTS puise ses racines dans le Front Al-Nosra, la franchise syrienne d’Al-Qaida, dont il s’est détaché en 2016. Toutefois, le groupe armé se veut rassurant. « Ils assurent la population qu’ils ne feront aucun usage de la violence, ni contre les civils, ni contre les bâtiments. » explique une civile sur place à la Croix.

Mais les bombardements commencent à pleuvoir sur la ville, la riposte des armées syriennes et russes. Ce dimanche 1er décembre, lors d'un bombardement sur la ville d'Alep, une bombe est tombée sur le complexe franciscain du Collège Terra Santa, a rapporté le père Francesco Patton, custode de Terre Sainte.

C’est un défaite sévère pour la Syrie, alliée de la Russie et de l’Iran, qui perd pour la première fois depuis 13 ans le contrôle de cette ville de 4 millions d’habitants. Ce qui inquiète Vincent Gelot sur l’administration et l’approvisionnement de la ville.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins 412 personnes ont été tuées depuis mercredi, dont 214 rebelles, 137 membres des forces favorables au gouvernement et 61 civils.

Jean-Benoît Harel

Crédit image : Shuttertstock / Andrea Backhaus


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