
Les responsables chrétiens réunis au Congrès européen sur l’évangélisation ont salué le drapeau ukrainien et se sont unis dans un appel à la transformation des cœurs.
Mercredi dernier, le centre de Berlin s’est transformé en zone de haute sécurité : à l’occasion de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky dans la capitale allemande, des hélicoptères survolaient la ville et la circulation était fortement restreinte au sud du Tiergarten.
À quelques pas de là, juste en face du ministère allemand de la Défense, la Billy Graham Evangelistic Association (BGEA) tenait son Congrès européen sur l’évangélisation. L’événement a réuni plus de 1 000 pasteurs et évangélistes venus de 55 pays.
C’est dans ce contexte que Franklin Graham, président de la BGEA et de l’organisation humanitaire Samaritan’s Purse, a créé la surprise par cette annonce :
"Aujourd’hui, j’ai eu le privilège de rencontrer le président Zelensky et de prier avec lui. J’ai prié pour le président Poutine, pour [Zelensky], et pour le président Trump — afin que Dieu leur accorde la sagesse et leur montre un chemin vers la paix."
Des applaudissements ont éclaté dans la salle, accompagnés de plusieurs "Amen !" enthousiastes.
Graham a reconnu que la voie vers la paix restait semée d’embûches, insistant une nouvelle fois sur la nécessité d’un changement des cœurs.
"Les enjeux en Ukraine et en Russie sont extrêmement complexes, et je crois que seul Dieu peut y apporter une solution", a-t-il affirmé.
L’évangéliste a alors invité l’assemblée à se lever pour prier à voix haute, chacun dans sa propre "langue du cœur". D’un seul élan, les responsables chrétiens ont répondu à l’appel, faisant monter une prière collective pour la paix.
Cette rencontre intervenait alors que l’armée russe intensifiait ses attaques contre l’Ukraine avec des raids aériens de plus en plus violents et un recours accru aux drones. L’agence de presse étatique russe TASS a également rapporté la semaine dernière que près de 175 000 personnes avaient signé un contrat avec l’armée russe depuis le début de l’année, laissant entrevoir une éventuelle nouvelle offensive terrestre.
Zelensky, pendant ce temps, était à Berlin pour solliciter une aide supplémentaire de l’Allemagne et a fait une déclaration conjointe avec le chancelier Friedrich Merz, annonçant que l’Allemagne envisageait de fournir des missiles de longue portée pour renforcer la défense de l’Ukraine.
De l’autre côté de l’Atlantique, le président américain Donald Trump s’est dit de plus en plus frustré par le refus de Vladimir Poutine d’accepter les propositions de cessez-le-feu. Il a mis en garde le dirigeant russe, estimant qu’il "jouait avec le feu".
Franklin Graham, qui décrivait sa relation avec Trump comme "très amicale" dans une conférence de presse avant le congrès, a affirmé soutenir les efforts du président états-unien pour tenter d’"aider à mettre fin" au conflit "en tentant de les amener au moins à se parler, et c’est tellement important.”
Graham a lui aussi tenté d’agir. À Berlin, il a déclaré avoir écrit à Vladimir Poutine pour l’exhorter à s’engager en faveur de la paix. L’évangéliste avait rencontré le président russe en personne dix ans plus tôt, et se souvient avoir été frappé par sa détermination : "Quand il dit qu’il va faire quelque chose, il le fait."
Ce printemps, Graham avait échangé avec Zelensky par téléphone après la désastreuse rencontre entre le président ukrainien et Trump et le vice-président JD Vance dans le Bureau ovale. Le président ukrainien avait partagé ses espoirs d’avancer "vers une paix juste et durable" et son engagement envers un cessez-le-feu proposé par les États-Unis.
Suite à cette conversation, Graham avait déclaré dans un post sur les réseaux sociaux avoir exhorté Zelensky à "proclamer une journée nationale de prière" en Ukraine.
"Tant de vies ont été perdues" postait alors Graham sur X.
"Nous avons besoin de l’aide de Dieu."
Une autre organisation conduite par Franklin Graham, Samaritan’s Purse, est également active en Ukraine, travaillant à travers un réseau d’églises locales pour distribuer de l’aide aux personnes dans le besoin.
Malgré les échanges antérieurs entre Graham et Zelensky, leur rencontre à Berlin n’était pas planifiée. Au moment de l’organisation du congrès, la visite de Zelensky n’avait pas encore été programmée.
Les responsables chrétiens présents au congrès ont été surpris et enthousiasmés d’apprendre cette rencontre. Des évangélistes de pays touchés par la guerre ont déclaré qu’ils appréciaient profondément l’opportunité de prier pour la paix avec des chrétiens venus de toute l’Europe — et au-delà des clivages géopolitiques.
Le congrès a attiré des responsables de tout le continent, y compris de nations plus proches de la Russie et de pays soutenant l’Ukraine. Lors de la session d’ouverture, cependant, lorsque le drapeau ukrainien a été présenté dans le cadre du défilé des nations, il a été accueilli par une salve d’applaudissements.
Graham a encouragé "l’Église de Jésus-Christ" en Ukraine, en Russie et dans le monde entier à "s’unir dans la prière".
Mariusz Muszczyński, pasteur dans la ville d’Opole, au sud de la Pologne, a raconté que son église réservait chaque dimanche un temps spécial pour prier pour l’Ukraine et la Russie, avec des prières prononcées en ukrainien et en russe par des personnes de chaque pays.
"Derrière eux, il y a un écran avec des photos de soldats ayant des liens avec nos réfugiés", a décrit Muszczyński.
"C’est très émouvant et cela nous fait pleurer."
Au milieu des peurs et du chagrin, Muszczyński affirme qu’il y a aussi de la joie et de la réconciliation.
"Dans cette tragédie, nous trouvons de la joie. Nous trouvons des amitiés. Nous trouvons de la croissance. Nous trouvons ensemble une communauté ", a-t-il dit. "Nous souffrons ensemble. Nous aimons ensemble. Nous pleurons ensemble. Nous prions ensemble."
Le pasteur arménien Gor Mekhakyan, qui dirige une communauté d’environ 1 000 fidèles à Moscou, a affirmer observer une inquiétude croissante alors que la guerre se prolonge depuis trois ans. Beaucoup, selon lui, viennent dans les églises en quête de réconfort et de soutien, face à la peur d’une escalade continue du conflit.
Il était heureux de se joindre à Graham et à d’autres évangéliques venus de toute l’Europe pour prier pour la paix.
L’évangéliste ukrainien Adriy Alekseyev s’est lui aussi senti encouragé. Il a déclaré que la reconnaissance publique de ce sujet par Graham et la rencontre avec Zelensky signifiaient beaucoup pour les Ukrainiens lassés de la guerre.
"Cela a beaucoup duré", dit-il.
"Nous voulons la paix pour notre pays. Et pour les Russes aussi."
David Karcha, un autre évangéliste et pasteur venu de l’Ukraine ravagée par la guerre, a déclaré aux chrétiens réunis au congrès que des milliers de personnes affirmaient leur foi en Christ et se faisaient baptiser en Ukraine — plus qu’on en avait vu depuis 15 ans.
"En temps de paix, l’Évangile est puissant, mais en temps de guerre, il est irrésistible", a-t-il affirmé à Berlin.
"Dieu suscite une recherche désespérée d’espérance. Aucun politicien [...] ne peut offrir ce que le Christ peut donner."
Ken Chitwood
Un article de Christianity Today. Traduit avec autorisation. Retrouvez tous les articles en français de Christianity Today.