Forte hausse du nombre d’attaques contre des églises aux États-Unis au cours du premier trimestre 2023
Le Family Research Council (FRC) a recensé 69 attaques contre des lieux de culte chrétiens aux États-Unis au cours des trois premiers mois de cette année. Les chiffres sont à la hausse et pourraient battre le record de 2022 qui dépassait déjà de loin celui de 2021.
Le meurtre de six personnes, dont trois enfants, dans une église presbytérienne par une personne transgenre le 27 mars dernier est l’un des avatars des attaques contre les chrétiens aux États-Unis. L’auteur de la tuerie entendait frapper un établissement chrétien, un symbole dans un pays où 65 % des habitants se déclarent chrétiens. Cette forte importance numérique du christianisme aux États-Unis est de plus en plus contestée ; et si les chiffres sont encore très faibles au regard du nombre de lieux de cultes, ils ne cessent de croître. Comme dans ses précédents rapports, le FRC recense pour la période de janvier à mars inclus les actes tels que « le vandalisme, les incendies criminels, les incidents liés aux armes à feu, les alertes à la bombe et l’hostilité aux églises ».
Le rapport identifie 53 actes de vandalisme au cours du premier trimestre, 10 incendies criminels, tentatives d'incendie ou incendies d’origine inconnue, trois incidents impliquant une arme à feu, trois alertes à la bombe. Outre ces 69 cas, le rapport mentionne deux autres incidents de moindre importance tels que des voies de fait. Ces affaires ont eu lieu dans 29 États, les plus concernés étant la Caroline du Nord avec sept cas, devant l’Ohio et le Tennessee avec chacun cinq.
Destructions gratuites
En arrivant à l’église Holy Nation à Memphis, dans le Tennessee, pour préparer le culte du lendemain, le pasteur Andrew Perpener a découvert le lieu de culte saccagé début janvier, pour la seconde fois en moins d’un mois. Les vitraux avaient été abîmés, du matériel volé, les distributeurs des boissons et goûters avaient été saccagés, les extincteurs avaient été vidés dans le gymnase de la congrégation. Dans ce dernier espace, les fidèles ont pu déplorer la présence de tags de gangs. Le pasteur a déclaré envisager d’installer des caméras, une première en 17 ans. Selon lui, ces attaques « ne sont qu’un signe des temps », et il estime devoir agir davantage pour toucher la jeunesse.
Début février, les locaux et équipements de la congrégation Jesus is Alive World Center à Reading, en Pennsylvanie, ont subi des actes de vandalisme coûtant au moins 70 000 euros selon le pasteur Isaiah Adio. Les vitraux ont été atteints, le téléviseur détruit, les touches des pianos cassés, du matériel sonore et des chaises ont été jetés.
Des violences également liées à la question de l’avortement et à Black Lives Matter
Les motivations sont diverses, il s’agit de violences commises par des personnes malades mentales, mais aussi de vols, voire d’actes faisant l’objet d’enquêtes pénales pour crimes haineux selon le droit américain, c’est-à-dire ciblant spécifiquement les chrétiens, certains visant ces congrégations en particulier. Dans le précédent rapport pour la période de janvier 2018 à décembre 2022, le FRC avait mentionné les attaques motivées par le changement de jurisprudence de la Cour suprême selon lequel l’avortement n’est pas un droit fédéral.
La fuite du projet de décision de la Cour suprême, le 2 mai 2022, a été suivie d’une augmentation du nombre de graffitis pro-avortement sur les bâtiments chrétiens. Alors que seuls cinq incidents liés à l’avortement avaient été répertoriés entre 2019 et 2021, les enquêteurs en ont relevé 57 de janvier à septembre 2022 inclus. Six actes violents ont été reliés à la mort de George Floyd ou à Black Lives Matter.
Comparé aux 420 actes hostiles visant les églises entre janvier 2018 et décembre 2022, les 69 faits relevés lors du dernier trimestre indiquent une forte augmentation des atteintes aux biens. En 2019, 83 incidents avaient été recensés, contre 54 en 2020, mais leur nombre croît depuis avec 96 en 2021. On en avait dénombré le double avec 191 en 2022, année où il y avait eu autant d’attaques le premier trimestre que pour tout 2021. L’année 2023 pourrait largement dépasser ce record.
Pour le FRC, ces violences croissantes indiquent « un problème sociétal plus large de marginalisation des croyances chrétiennes fondamentales […] La colère et la division qui caractérisent de plus en plus la société américaine mettent en danger les églises et érodent la liberté religieuse ». L’organisation estime que, dès lors, « la capacité de vivre sa foi en toute sécurité est menacée ».
Jean Sarpédon